Ici

Ici il y a des tas de sable en guise de bacs à sable,
des arrivées de pirogues qui remplace les poissonniers de supermarché,
et des sourires qui transforment le monde en or !
Bon week-end !

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(Les autres participations au projet 52 de Ma’ sont ici ! )

Hiver

A Dakar, l’hiver c’est 20 degrés minimum (allez… 19 en cas de très grand froid). Cette année, nous sommes plutôt autour des 26 degrés, nous battons donc le record de température pour un mois de janvier datant de 1947… Alors même si les chauffeurs et les gardiens sont morts de froid et sortent bonnets, mitaines et doudounes, pour moi c’est surtout la saison des fruits de la passion ! De quoi relativiser ma nostalgie de la neige et faire le plein de vitamines C même si on en a moins besoin que certains…

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C’était ma participation au projet 52 de Ma’, tous les autres clichés sur l’hiver sont réunis ici.

J’ai posté cette photo hier sur instagram, si vous avez envie de nous suivre, ça se passe par-là (compte petite_yaye) !

Soir

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Entre 20h et 22h, pharmacie, boutiques, épiceries, pressings, tailleurs, quincailleries battent leur plein dans notre rue et le stand de fruits sert de lampadaire public !

 

Voilà ma participation de la semaine au projet 52, retrouvez toutes les autres chez ma’.

Livre

Encore une de ces satanées coupures d’électricité…

A Dakar, elle le sait bien, aucun quartier n’est à l’abri d’une coupure. L’électricité peut aussi bien revenir dans 3 minutes que dans 12 ou 15 heures. Ne pas savoir à quoi s’attendre, c’est peut-être ça le plus dur à vivre.

Plus d’internet et la batterie de l’ordinateur qui rendra de toute façon bientôt l’âme. A tâtons, elle part dans la cuisine récupérer les bougies conservées toujours à la même place, sur une étagère de la cuisine. Question d’organisation.

Elle sourit intérieurement, ces gestes deviennent de moins en moins réguliers, de moins en moins fréquents. Soyons honnêtes : depuis quelques années la situation s’améliore considérablement. Elle touche du bois en pensant à cette autre époque qui n’est pourtant pas si lointaine.

Les voisins viennent de trouver leur torche, le faisceau lumineux pénètre jusqu’à ses fenêtres puis les conversations reprennent au rez-de-chaussée comme si de rien était. Elle ne les rejoindra pas, comment faire avec son petit qui dort dans la pièce d’à côté ?

Elle attrape son livre du moment. Toujours dans ces pensées, elles se remémorent les soirées passées à décrypter le fil des pages à la lueur de la bougie…

La  flamme dansait au rythme de la légère brise qui passait à peine à travers les mailles de la moustiquaire. Bercée par cette danse, elle finissait par sombrer bien vite dans les bras de Morphée, réveillée en sursaut quelques heures plus tard par la sonnerie d’activation des appareils électro-ménagers ou par le néon criard du couloir.

Plus besoin de bougies pour lire maintenant, quand elle ouvre la couverture de son livre, l’écran s’allume tout seul.

Elle ne pensait ne pas s’y faire. Elle s’imaginait que le bruit, le toucher, l’odeur d’un « vrai » livre lui manqueraient, que la sensation d’avancer dans le voyage au fur et à mesure que les pages passent d’une main à l’autre aussi. Mais c’est en fait un vrai plaisir,  toujours le même : celui de la lecture, de la détente, de l’évasion, celui des mots et des histoires.

Mine de rien sa liseuse occupe désormais toute la place sur sa table de nuit, dans son sac à main ou son sac à dos, et contient tous ses livres.

Pour Noël elle lui a même offert un petit relooking en choisissant une jolie housse de protection, histoire de se donner envie de l’ouvrir plus souvent que son blog, histoire de retrouver le plaisir de lire dans l’intimité de la nuit, même quand il y a du courant ;-)

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Voilà ma participation au projet 52 de Ma’ sur le thème du livre, retrouvez les autres ici !

Projet 52

Le principe d’un projet 52 est de poster une photo chaque semaine de l’année sur un thème imposé.

L’année dernière je n’ai pas été très assidue (18 articles sur 52 semaines, hum hum…). Mais je dois bien avouer que j’en ai profité pour écrire des histoires sur « mon » village avec énormément de plaisir et que j’ai reçu tant de retours positifs de votre part que j’ai quand même envie de resigner pour 2016…

Pour ceux qui ont envie de redécouvrir quelques-unes de mes contributions 2015, voici les images et les liens :

Ici, Gros plan, Sucré, Doux, Chaleur, Passé,
Casserole, Rire, Chocolat, Classique, Demain, Animal, Fleur,
Se déplacer, Vert ou bleu, Jeu, Confiserie, Horizon, Détail

Pour cette nouvelle année, voici la liste toute neuve de Ma’:

projet52_2016D’ailleurs, si vous aussi avez envie de participer, n’hésitez pas, plus on est de fou plus on rit ! Tout se passe chez Ma’ >>> .

Pour ma part cette année j’ai décidé de centrer mon projet 52 sur Dakar, histoire de sortir un peu de mes sentiers battus ici et de vous ouvrir une autre fenêtre sur ma vie !

@ très vite donc…

Détail

Sa case est sommaire :

. un lit en ronier,

. un fin matelas recouvert d’un drap,

. une bassine en guise d’armoire à vêtements,

. un saut comme armoire de cuisine,

. un vieux sac de riz pour garde-manger,

. une jarre-canari pour garder l’eau bien fraîche

. une calebasse contenant 2 casses, 2 cuillères et un couteau, le seul de la maison,

. une longue tige de bambou comme porte-habits,

. et une colombe peinte au mur…

« Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail. » Léonard de Vinci

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C’était ma participation au Projet 52 de Ma’ pour la semaine 40 sur le thème détail. Tous les autres détails sont par .

 

 

Horizon

C’était un jour où il n’y avait pas encore le réseau au village. Il fallait escalader la colline et faire les 100 pas, portable en main, bras tendu bien haut pour le trouver.

Parfois debout sur la grosse pierre, parfois un peu plus haut près du tamarinier, parfois totalement absent, il était joueur.

Le réseau.

Celui du village voisin plutôt, qu’on ne réussissait à capter que d’ici. Sur 1 mètre carré très précis de cette colline perdue au beau milieu d’hectares de nature sauvage, de champs et de hameaux microscopiques.

Ce jour-là il n’avait pas de crédit pour appeler, ni même pour bipper. Indega était venu se poster, au cas où… De toute façon il n’avait rien de mieux à faire…

Il s’assit sur la grosse pierre et prit le temps de scruter l’horizon. Cette ligne que formaient les collines et le ciel, à peine dentelée par la nature, et le sentier qui fendait la crête. Portable en main, ses souvenirs l’envahissaient petit à petit. Le chemin de l’école, celui des champs, le terrain de foot, la clairière où l’on avait enterré son père, celle où il avait goûté pour la première fois le sucré des lèvres de sa promise.

A l’heure où le soleil décline, la lumière devient si douce.

Plus bas, à peine visibles, les toits de paille. Chez Emile. Chez Tacky. Et là, la vieille Niary.

En bas, c’est l’heure où l’on s’agite. En haut, on n’entend que le silence, et la nature.

Ses yeux reprennent le chemin de l’horizon, toujours pensif. De quoi sera fait l’avenir ?

La sonnerie criarde le fait sursauter à en faire tomber son téléphone.

  • Allo Indega ?
  • Oui allo ?
  • Indega tu m’entends ?
  • Oui je t’entends, je t’entends !
  • Allo ?
  • Oui oui je t’endends, et toi ?
  • Tu es là ?
  • Oui, oui, alors ?
  • Alors c’est bon, tu es pris, on t’attend à Dakar !

La conversation avait déjà été coupée par le réseau capricieux, mais Indega prit une grand inspiration, son horizon allait changer. En route pour l’université…

horizon

C’était ma participation au projet 52 de Ma’ sur le thème horizon. Toutes les autres sont réunies ici.

J’en profite pour vous dire que je suis ravie d’être de retour par ici, je vous souhaite à tous mille horizons tous plus beaux, surprenants, rassurants, délirants, fous, éblouissants pour cette année à venir !

Confiserie

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Pour une coquine, c’est une coquine. Aouka. 6 ans.

Jamais la langue dans sa poche, jamais les yeux dans la poche non plus. Ses poches à elle, elle les utilise pour grappiller tout ce qu’elle trouve de comestible.

Sa maman s’exaspère de la voir porter chaque jour le même pantalon sale, déchiré, qui tombe littéralement en lambeaux. Aouka est bien trop contente d’avoir des poches pour s’arrêter à ces insignifiants détails esthétiques…

Un morceau de sucre par-là, un peu de pâte d’arachide par-ci. Même un morceau de tissu pourrait lui être utile.

Les autres se dépêchent d’avaler les trésors pour ne pas se faire prendre par les mamans, ça leur vaudrait quelques coups de bâton dont ils n’ont pas spécialement envie.

Même le pain de singe, le fruit de baobab, est mangé en douce. C’est si doux et fondant dans la bouche, un vrai bonbon. Mais les mamans leur interdisent d’en consommer en dehors de la bouillie du petit déjeuner, ça constipe.

Aouka, elle, préfère accumuler, accumuler pour créer ses confiseries ! Mélanger les goûts pour obtenir un goût différent. Elle a compris le concept !

Une petite bouteille vide, 6 morceaux de pain de singe, un bec et demi de sucre, un peu d’eau et elle secoue, fort. Secoue encore. Ajoute un minuscule morceau de bonbon à la menthe fraîche, goûte, fait la moue, écrase entre ses dents un peu de jujubes, sort d’on ne sait où un minuscule flacon contenant de l’essence de banane.
Les autres se seraient bien dépêchés d’avaler la douce mixture.

Elle file en douce rajouter encore un peu de miel pendant que sa maman sort puiser de l’eau.

– Aouka, Aouka, viens m’aider… lui demande-t-elle, déjà loin.

– J’arriiive ! s’empresse-t’elle de lui répondre, toute excitée par sa bêtise en douce

Elle sort de sa poche un vieil emballage de bonbon pour y verser sa préparation. Elle referme délicatement l’emballage avant de l’ouvrir tout aussi délicatement pour en lécher goulument le contenu.

Puis, faisant de nous ses complices, elle nous tend le reste avec son plus beau sourire tout édenté et file rejoindre sa maman en sautillant, son sceau sur la tête et encore tout plein de trésors dans les poches !

 

Voilà ma participation tardive à la semaine 19 du projet 52, toutes les autres sur le même thème sont regroupées chez Ma’ : ici !

Jeu

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Pendant que les autres se jaugent à la course, s’entraînent à dribler ou vont se frotter aux plus grands, lui parcourt la brousse à la recherche de matériel. Une brindille, du rônier, une branche de bambou, des feuilles, un bout de corde, quelques pierres.

Chaque fois qu’un avion passe au-dessus du village, il se concentre au maximum pour tout regarder, les ailes, les hélices, la taille des hublots…

Les coucous se font rares dans le coin, mais il n’en perd pas une miette. Depuis qu’il a 6 ans il a dû en voir une dizaine.

Ceux qui ont voyagé ont raconté, il faisait nuit depuis longtemps mais il avait réussi à se faire oublier dans l’obscurité, il avait tout entendu, les toilettes à l’intérieur, les dames qui servaient du vin. Un jour il s’est fait punir par le maître, il était sorti en plein milieu de la classe mais ça valait la peine, il l’avait bien vu dans ces détails, et celui-là avait fait deux tours au-dessus du village.

20150101_105300Couper les ailes aux bonnes dimensions, confectionner les hélices, créer un double pont, comme dans ce catalogue qu’un touriste avait laissé derrière lui.

Fait de bric et de broc son avion commence vraiment à ressembler à quelque chose.

Les autres enfants s’approchent peu à peu. Lui reste concentré sur sa tâche.

Du haut de ses 10 ans sa passion à lui c’est fabriquer des jouets. Voiture, vélo, cerf-volant, animaux n’ont pas de secrets pour lui.

Le comble de l’histoire il s’appelle Noël…

Après tout, c’est peut-être le fils du père Noël ?

Il m’a finalement offert cet avion, demandant s’il pourrait avoir un ballon en échange ! J’ai bien entendu transmis la demande au Père Noël ;-)

 

C’était ma participation au Projet 52 de Ma’, semaine 21, retrouvez les autres contributions sur le thème du « jeu » ici !

Vert ou bleu

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A l’heure où les arbres côtoient le ciel, comment osez-vous nous demander de choisir entre le vert et le bleu ?

Djémé s’est allongée à côté de moi, sous le grand manguier, dans la cour déserte.

A cette heure chacun a trouvé sa place et n’en bougera plus pour quelques heures. Il fait chaud, très chaud pour ne pas dire trop chaud…

On n’entend plus que les mouches voler, l’expression est donc vraie !

Le vert des feuilles du manguier bruisse à peine. Le bleu du ciel est stoïque. Bleu stoïque, ça devrait être le nom d’une couleur tiens !

Une fois de plus on dirait que le temps s’est arrêté ici.

Si ce n’est cette mouche qui vole, se pose, chatouille, bourdonne. Quelle est agaçante…

Je compte les minutes au fil des pages. Djémé trace des dessins sur la terre qu’elle efface pour mieux recommencer. Je sais qu’elle aimerait me tresser, mais je n’ai pas le courage de supporter ses mains moites sur ma tête transpirante. Demain peut-être.

Les feuilles vertes sont trop denses pour laisse passer quelques touches de bleu. Tant mieux, si le bleu ne transperce pas le vert, le soleil non plus ne pourra pas passer.

Je tourne la tête et me laisse vite illuminer par tout ce bleu. Il est encore tôt.

Tuer le temps. Jusqu’à ce que le vert devienne moins vert. Jusqu’à ce que le bleu devienne moins bleu.

Vert, bleu, bleu, vert, à cette heure de l’après-midi, comment osez-vous nous demander de choisir ?
Ils vont de pair. Un point c’est tout.

Fin du chapitre, dois-je tourner une autre page ou fermer les yeux ?

 

C’était ma participation au projet 52 de Ma’, les autres contributions de la semaine 22 sont réunies ici.