S’il y a bien un endroit idéal pour nous changer les idées à deux pas de chez nous, c’est la plage de Yoff.
Je vous arrête tout de suite, ici pas de cocotiers, de transats ou de vendeurs de babioles touristiques, en revanche vous êtes au bon endroit pour une longue promenade les pieds dans l’eau et un bol d’air océanique. Idéal pour profiter de la vie locale, des gens aussi. Pour profiter de la vie. Pour prendre le temps.
Pour y accéder je préfère vous prévenir, il faudra s’armer de patience pour faufiler la voiture entre les commerces, les piétons, les moutons, les vendeurs de rue et taxis clandestins stationnés en double file, mais cette introduction a le mérite de vous plonger dans l’ambiance.
Garez-vous, ne regardez pas les détritus qui jonchent le sol, les eaux usées qui s’écoulent. Regardez loin, très loin : les vagues, l’horizon, le ciel.
Nous n’y allons pas régulièrement car ce n’est pas forcément évident avec un petit bout de chou de se promener sereinement au milieu des 874 grands gaillards qui se sont donnés rendez-vous pour leur partie de foot. ça joue fort, sérieux, ça cogne, ça shoote, ici on n’est pas là pour rigoler, on joue au foot. Les terrains sont en alignade, pas de limite en longueur ou en largeur, les matchs se télescopent en mode multi-balls à l’occasion ! Alors n’imaginez pas qu’ils vont stopper la partie pour une maman et son petit garçon qui n’a qu’une envie, courir lui aussi derrière le(s) ballon(s)…
Les plus jeunes escaladent les pirogues les plus hautes. Ils jouent à se faire peur, à se suspendre, à sauter, au rythme des tam-tam que leurs camarades moins téméraires ont improvisés avec des sauts en plastique ou des branches de bois.
Il n’y a que des curieux comme nous pour s’émerveiller de l’alignement des pirogues multicolores. Derrière les coups de pinceaux colorés, les lignes et les courbes décèlent des prières et mille autres secrets réservés aux pêcheurs et à leurs ancêtres.
Des pêcheurs retapent leur pirogue, au large d’autres sont de retour. Le bord de plage habituellement peu occupé commence à rassembler de plus en plus de monde. L’attroupement se transforme en cohue. Retour de pirogue. La mer avant d’être un rêve d’ailleurs pour quelques-uns d’entre eux est avant tout un gagne-pain. On tire les filets à la main. Femmes et enfants sont aux premiers postes, sauts ou bassines à la main, ils ramassent les plus belles pièces à une rapidité difficilement imaginable. Si vous comptez faire griller du poisson ce soir, attendez que les femmes aient négocié le prix de leur « pêche », elles iront s’installer un peu plus loin des vagues et vous pourrez prendre tout votre temps pour choisir auprès d’elles votre repas !
Les chatons préfèrent se cacher sous les coques en bois, ils attendront le retour au calme pour profiter des restes…
Chemin le plus court pour se déplacer d’un quartier à l’autre, la plage permet d’éviter le grand tour par le goudron, ses bousculades et ses bouchons. A pied ou en charrette, c’est la voie rapide du coin !
Déjà l’appel à la prière confirme que le soleil est couché. Dans quelques minutes il fera nuit noire car la nuit tombe très vite sous nos tropiques. Nous sommes les premiers à secouer le sable de nos pieds, mais les autres ne tarderont pas à nous suivre.
Il ne restera alors que quelques amoureux secrets qui profiteront de la discrétion de la pénombre pour se rencontrer et les chatons bien sûr, qui s’en lèchent déjà les babines !
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