Voilà.
Un an. 367 jours pour être précis.
Avec maman, on t’avait écrit une lettre l’année passée.
On l’avait entourée d’un joli ruban.
On l’avait accompagné d’un cadeau : un short et une chemisette, histoire que tu aies envie le week-end de poser ton costume-cravate et venir passer de bons moments avec nous.
Tu l’as à peine lu. Le téléphone a interrompu ta lecture et tu es passé à autre chose.
Et elle n’a eu aucun effet sur toi, sur nous. Si ce n’est quelques intentions avortées. Des bonnes intention tu en as souvent, mais elles sont vite rattrapées par la réalité.
Je t’avais fait un joli dessin aussi. T’en rappelles-tu ?
En un an, tu as passé 135 jours avec nous, 1 tiers de ton/notre temps.
Quand tu n’es pas là, je me préoccupe toujours de savoir où tu es, avec quel véhicule tu es parti et quelle valise tu as prise.
135 jours dans la balance ça ne pèse pas bien lourd, mais si en plus, quand tu es là, tu n’es pas là…
Tu m’as emmené 3 fois à l’école, le jour de la rentrée, un jour où maman était malade et un autre jour où vous êtes venus tous les deux avec maman.
J’étais fier que tu viennes me voir au carnaval. J’étais le plus beau pompier de l’école.
Sinon sur les 135 jours j’ai dû prendre mon petit déjeuner avec toi une quinzaine de fois, les autres jours quand je partais de la maison tu étais encore couché. Le week-end aussi tu dors.
Le soir tu as dû être là une vingtaine de fois au moment où je m’endormais. Le reste du temps tu es toujours arrivé après, mais maman m’a expliqué que tu venais me faire un bisou dans mon sommeil. En réalité, c’est arrivé 2 fois dans l’année.
Un jour tu m’as lu une histoire, j’ai aimé. Tu ne m’as jamais fait prendre mon bain. Je me suis assis quelques fois sur ton tapis de prière.
On a pris le repas de midi 4 fois ensemble dans l’année. Le dîner jamais, mais une fois tu m’as donné à manger mon repas du soir.
On avait voulu te faire une surprise avec maman et te rejoindre un midi dans un restaurant, mais nous sommes arrivés trop tard, tu étais déjà parti. Depuis je veux toujours aller dans ce restaurant avec toi. Dès que je passe devant, j’en parle à maman. On passe devant tous les jours car c’est sur le chemin de l’école…
Maman t’a demandé de passer du temps tout seul avec moi. ça a marché cinq fois. On ne voulait pas vraiment au départ, ni toi, ni moi, mais on est tous les deux rentrés ravis, à chaque fois : on est allé au zoo, on a fait du toboggan, on a fait du vélo, jamais plus d’une heure trente ou deux heures mais je me rappelle de tout.
De plus en plus souvent tu dis que je suis bizarre. Mais c’est moi qui me sens de plus en plus bizarre quand tu es là, je tape, je crie, je pleure beaucoup plus.
Quelques dimanches après-midis nous sommes allés à la plage tous les trois. C’est un rituel. Quand ton plat de poisson est servi sur la table basse de notre QG je viens toujours m’assoir à côté de toi et tu me découpes délicatement des morceaux. Quand je vais tout seul à la plage avec maman on ne commande pas de poisson.
On a fait trois week-ends en famille, mais il y en a deux où tu étais en séminaire toute la journée. Avec Maman on s’est bien amusé dans la piscine. A l’heure où tu finissais moi j’étais entrain de me coucher. Mais un dimanche on est resté et on a fait un concours de foot avec les autres familles, j’ai beaucoup rigolé. Pas autant que la fois où on a joué à cache-cache dans la maison !
La korité, la tabaski, ton anniversaire, mon anniversaire, la fête de l’indépendance, je n’ai passé aucune fête avec toi. Heureusement le jour de Noël tu es resté 1 heure le matin avec nous pour ouvrir les cadeaux. Le Père Noël c’est mon héros, j’en parle tous les jours, même si on est en juin maintenant. Des fois je porte les cravates qu’il t’a apporté.
Maman m’a parlé des vacances d’été mais elle ne m’a rien dit sur toi, ni si tu serais là. En fait je crois qu’elle n’en sait rien puisque tu n’as rien dit, rien proposé.
Les papas de mes copains sont là. Ils mettent des photos d’eux deux en t-shirts de foot sur Facebook, ils vont faire du cheval ensemble ou nous font sauter tous en même temps sur leurs épaules. Maman m’a expliqué que certains enfants ne voyait jamais leur papa et qu’il fallait qu’on profite bien de toi quand tu étais là.
A l’école on a préparé un drôlement joli cadeau, mais tu ne seras pas là. Pourtant je fais parti de ceux qui récitent le mieux le poème que l’on a appris pour la fête des pères.
Quand on aime on ne compte pas.
Mais tu sais papa à la fin on compte quand même sur les choses qui comptent…
J’ai deux ans et demi aujourd’hui. Bientôt j’aurai 10 ans, 20 ans, 40 ans, que restera-t-il de nous deux, papa ?
Bonne fête papa !