En matière de maternité, les mêmes mots ne signifient pas la même chose pour tout le monde. Mieux vaut donc ne pas trop prendre les mots des autres au pied de la lettre !
Un parent sera tout fier d’annoncer que son bébé fait ses nuits alors qu’il dort seulement 5 heures de suite ; avec 7 ou 8 heures d’affilées d’autres seront désespérés qu’il ne fasse pas ses nuits… D’autres encore diront qu’il fait ses nuits alors que l’enfant se réveille en cododo 4 ou 5 fois dans la nuit…
Ici avec les Dakarois, j’ai encore plus l’impression qu’on ne parle pas la même maternité. « Moi aussi le mien se couche à 20h » Le 20 heures veut en fait dire entre 20h et 22h, ou alors que c’est après 20 heures qu’on envisage l’idée de commencer à penser à préparer l’enfant à se coucher ! ça n’a plus trop rien à voir avec Mon 19h30 qui signifie « couché et on n’y revient plus » entre 19h28 et 19h35 !
« Surtout ne pas l’habituer aux bras » m’a-t-on répété 5 fois dans une famille où le nourrisson passait 20 heures sur 24 dans les bras de la nounou, la grand-mère, la tante, l’oncle, le grand frère, la femme de ménage, la voisine !!!
En matière d’allaitement des mamans donnent le sein une fois par jour, le reste en biberon, et se ventent d’allaiter, d’adorer ça et de ne pas être du tout fatiguée. Ah oui, en effet comme ça je comprends mieux ! Mais ça n’a pas grand chose à voir avec la maman qui donne 8-12-15 tétées par jour et ne peut se décharger de son enfant ne serait-ce qu’une petite heure…
« Oui il ne prend que le sein » m’a dit un jour une maman en enfournant dans le bec du cérélac à son bébé de 5 mois. Le sein + des biberons + de l’eau + du cérélac donc !
J’ai du coup vite appris à me faire préciser dans le détail le contenu des affirmations qui me déstabilisait au début avant de prendre tout au pied de la lettre et nous comparer, voire de carrément culpabiliser, me remettre en question, me perdre…
En tant que parent (maman dans mon cas, mais je suis sûre que certains papas sur cette planète se posent aussi quelques questions !) d’un premier enfant, je pense que l’on a besoin de comparer notre petite prunelle avec les autres enfants du même âge, de jauger où on en est car on n’a pas vraiment de repères. Peut-être qu’avec les suivants aussi je n’en sais rien, mais j’imagine qu’on aborde les aspects techniques avec peut-être un peu moins de stress et de questionnements existentiels !
Bien entendu les parents plus expérimentés ont toujours quelque chose de très intéressant à raconter : moi mon premier… avec moi… non mais il ne faut surtout pas… Des fois les souvenirs s’embrouillent ou concernent des enfants d’un autre âge. Avec le temps on a aussi tendance à oublier certains détails invivables sur le moment, qui perdent en intensité ou en importance en grandissant. Ces interventions sont perturbantes pour le parent qui est déjà complètement perdu avec son tout-petit et se noie et dérive au gré des commentaires.
Sans parler des adultes qui n’ont pas d’enfant et des idées très arrêtées sur l’éducation !
Bref mieux vaut ne pas trop écouter ce qu’on raconte autour de vous et faire comme vous le sentez !
J’ai eu cette chance de recevoir des commentaires tellement aberrants que j’ai très vite pu faire le tri… J’ai eu la chance de croiser de telles différences sur ma route que j’ai vite été obligée de tracer mon propre chemin maternel en ce début de maternité si déstabilisant, fragilisant, déroutant, fatiguant, éprouvant…
Avec le recul, les gens qui se sont avérés de meilleur conseil, sont je crois ceux qui ont dû beaucoup souffrir eux-mêmes des remarques, conseils, intrusions des autres. Spéciale dédicace à ma sœurette chérie d’amour dont je retiens à vie deux conseils inestimables :
– « T’inquiête, à 18 ans il… (aura toutes ses dents, fera ses nuits, mangera proprement… adpater la phrase à votre cas) ou pas ! et alors ?! » En matière de dédramatisation, il n’y a pas mieux !
– « Mais qu’est-ce que tu as envie, toi ? » être au clair avec soi-même permet en effet de mettre en œuvre des stratégies adaptées à son besoin et celui de son bébé. Celui qui est attaché au sommeil, à l’alimentation, à la politesse, à… (adapter le mot à votre cas) de son enfant pourra alors réfléchir à quelles actions il a envie d’inscrire dans son quotidien. Cela peut paraître bizarre à certains mais NON : Nous n’avons pas tous les mêmes priorités pour nos enfants !
Chaque enfant est unique, chaque parent est unique aussi. Personne ne connaît mieux votre enfant que vous et quand bien même ce serait le cas, ils ne seront pas là pour le nourrir, coucher, consoler… et toutes vos angoisses ne les empêcheront pas de dormir sur leurs deux oreilles, eux !
Ne pas rejeter tout en bloc, certains conseils peuvent être utiles, salutaires, peuvent aider à prendre du recul ou à se positionner, mais savoir en prendre… et en laisser ! Pour rester le capitaine du bateau…
Pour ceux qui veulent poursuivre la minute psychologie, l’illustration vient justement d’un cours en ligne ici.