Instants rares

femme dans la rueMarcher dans la rue incognito.
Avec l’air fier de mes vingt ans.
Ne pas être reconnue,
Être considérée comme une personne parmi tant d’autres.
Vivre juste pour moi,
Et tenir une conversation futile ou pas, sur un sujet lambda ou sur la dernière actualité du moment.
Occulter un pan de ma vie,
Ne pas me demander non plus qui sont ou comment font les autres.
Et puis sourire du temps qui file.
Ou juste fermer les yeux pour profiter.
M’assoir sur un banc. Manger un pain au lait.
M’impatienter de le retrouver. Quand même.
Respirer intensément ces quelques minutes où ceux qui me regardent ne me voient pas comme une… maman.

Vider son sac et repartir sur de meilleures bases !

Une semaine.

Il m’aura fallu une semaine avant de pouvoir ouvrir une nouvelle page blanche de petite yaye.

Il y a certains articles qui vous laissent des marques. Celui sur le sommeil de Michoco n’était pas anodin. Ecrit sur le vif, il m’a permis de me décharger d’un trop plein. Il m’a permis aussi de recueillir d’adorables messages que je n’attendais pas mais qui m’ont fait me sentir vraiment moins seule. Quelle bouffée de courage… Merci !

Le soir même de l’article, Michoco a dormi d’une traite, pour ne se réveiller que le matin une fois le jour bien entamé ! J’ai déchargé mon sac et j’ai pu ainsi le coucher plus sereine, ne pas lui transmettre, sans le vouloir, une partie du poids de mes propres angoisses.

Je suis contente car j’ai aussi réussi à partager mon problème avec Grand Choco. Il revient d’un long voyage à l’étranger où il était seul. C’est donc frais et dispo qu’il m’a entendu. Quand il est trop pris par son travail, ses soucis, sa fatigue, le million de personnes qui le sollicite, c’est impensable… mais là, il est intervenu pour poser quelques limites, pour me soulager aussi. Pour Michoco c’est important de sentir qu’on est deux et qu’on est sur la même longueur d’onde. Pour moi aussi !

Samedi soir, je les ai un peu mis devant le fait accompli, mais ils ont joué le jeu, et puis si je les avais prévenu trop à l’avance Grand Choco aurait trouvé un imprévu impératif dans son planning… : je les ai laissé tous les deux ! Grand choco a joué, fait mangé, lavé, couché Michoco. ça va peut-être vous sembler bête mais en deux ans et 3 mois c’était la première fois… La première fois qu’il s’est occupé 4 heures de suite de son fils ; la première fois qu’il a accepté de gérer des impératifs de la journée : manger, se laver, dormir.

Et moi j’étais au cinéma, bien en avance, pour ne surtout pas rater le très demandé Timbuktu (merci le tout nouveau cinéma numérique de l’institut français qui nous permet de pouvoir découvrir les films bien plus tôt qu’avant !).

Depuis dimanche, Michoco ne s’endort plus l’après-midi. Je lui impose un temps calme d’une heure où il reste dans son lit pendant que je m’allonge moi aussi. Au delà de cette heure-là, s’il ne s’est pas endormi, je n’insiste pas. Du coup le soir il s’endort très tôt et sans souci, et il fait le tour du cadran voire plus. En fait il dort le même temps, mais c’est beaucoup moins stressant pour lui comme pour moi. Moins de conflits, de frustrations, de sentiments d’échec ou d’incompréhension.

Bon hier soir il était tellement claqué qu’il est parti se coucher à 18h55 avec 2 cuillères de soupe dans le ventre et sans prendre de bain… pas sûre que si je le mets dans une voiture dans l’après-midi, il ne sombre pas dans un profond sommeil, mais on va continuer à se chercher/observer/essayer…

20150401_083942_20150401084259770Il est trop tôt pour vous dire si on arrête les siestes auxquelles je tenais tant, qui lui faisaient du bien et qui me permettaient de poursuivre mon travail l’après-midi. Je ne sais pas si il est entrain de changer de rythme ou si c’est une période, si je fais bien ou mal, et de là à savoir ce que nous ferons dans quelques semaines… mais aujourd’hui, 7 jours après de chaudes larmes qui roulaient sur nos joues, on se porte mieux vis à vis du sommeil !

 

Comme des petits pains

chauffe-coeur-et-chausson-katia-1Il était évident que si ça tournait dans ma tête, d’autres devaient aussi se poser des questions… Le sujet est pour l’instant tranché de mon côté pour les raisons que j’évoquais ici.

Pour d’autres les questions sont devenues de tendres preuves d’amour, un peu d’urine sur des bouts de plastique, de jolis ventres qui s’arrondissent timidement ou allègrement, des annonces qui font un peu moins sauter au plafond que les premières mais drôlement sourire tout de même !

Voilà. Nous sommes entourés de grossesse. Il fallait s’y attendre. D’autant que nous sommes entourés de parents avec des premiers enfants du même âge que Michoco…

Comme des petits pains, la seconde fournée est prévue pour mai, juin, juillet, août, septembre. Ils se sont donnés rendez-vous ou quoi ?!

Michoco a bien compris le concept du bébé dans le ventre : il soulève le T-shirt de tout le monde en demandant où sont les bébés ; ça fait bien rire les femmes enceintes, un peu moins les papis ou les petites filles qui n’ont pas franchement envie de montrer leur nombril…

Et puis le voir si complice avec bébé Sékou, un des derniers nés du village, que d’émotions… Alors quand il cherche un bébé sous mon t-shirt, j’ai un petit pincement au cœur.

Je ne sais pas si c’est parce que je suis l’aînée, si c’est parce que j’ai aimé avoir une sœur et un frère, mais j’espère que Michoco aura lui aussi cette chance-là.

Un jour…

Pour cette fournée, on passe notre tour !

 

ça va devenir une tradition sur cette thématique… la photo de ces adorables chaussons roses viennent, comme mon précédent article sur le deuxième enfant, du blog de Panaka62 qui justement en a deux, elle… Jamais deux sans trois ?! (mais trois quoi ? trois articles chez petite yaye ou trois bébés chez panaka ?! lol).

En prendre… et en laisser !

blablaEn matière de maternité, les mêmes mots ne signifient pas la même chose pour tout le monde. Mieux vaut donc ne pas trop prendre les mots des autres au pied de la lettre !

Un parent sera tout fier d’annoncer que son bébé fait ses nuits alors qu’il dort seulement 5 heures de suite ; avec 7 ou 8 heures d’affilées d’autres seront désespérés qu’il ne fasse pas ses nuits… D’autres encore diront qu’il fait ses nuits alors que l’enfant se réveille en cododo 4 ou 5 fois dans la nuit…

Ici avec les Dakarois, j’ai encore plus l’impression qu’on ne parle pas la même maternité. « Moi aussi le mien se couche à 20h » Le 20 heures veut en fait dire entre 20h et 22h, ou alors que c’est après 20 heures qu’on envisage l’idée de commencer à penser à préparer l’enfant à se coucher ! ça n’a plus trop rien à voir avec Mon 19h30 qui signifie « couché et on n’y revient plus » entre 19h28 et 19h35 !

« Surtout ne pas l’habituer aux bras » m’a-t-on répété 5 fois dans une famille où le nourrisson passait 20 heures sur 24 dans les bras de la nounou, la grand-mère, la tante, l’oncle, le grand frère, la femme de ménage, la voisine !!!

En matière d’allaitement des mamans donnent le sein une fois par jour, le reste en biberon, et se ventent d’allaiter, d’adorer ça et de ne pas être du tout fatiguée. Ah oui, en effet comme ça je comprends mieux ! Mais ça n’a pas grand chose à voir avec la maman qui donne 8-12-15 tétées par jour et ne peut se décharger de son enfant ne serait-ce qu’une petite heure…

« Oui il ne prend que le sein » m’a dit un jour une maman en enfournant dans le bec du cérélac à son bébé de 5 mois. Le sein + des biberons + de l’eau + du cérélac donc !

J’ai du coup vite appris à me faire préciser dans le détail le contenu des affirmations qui me déstabilisait au début avant de prendre tout au pied de la lettre et nous comparer, voire de carrément culpabiliser, me remettre en question, me perdre…

En tant que parent (maman dans mon cas, mais je suis sûre que certains papas sur cette planète se posent aussi quelques questions !) d’un premier enfant, je pense que l’on a besoin de comparer notre petite prunelle avec les autres enfants du même âge, de jauger où on en est car on n’a pas vraiment de repères. Peut-être qu’avec les suivants aussi je n’en sais rien, mais j’imagine qu’on aborde les aspects techniques avec peut-être un peu moins de stress et de questionnements existentiels !

Bien entendu les parents plus expérimentés ont toujours quelque chose de très intéressant à raconter : moi mon premier… avec moi… non mais il ne faut surtout pas… Des fois les souvenirs s’embrouillent ou concernent des enfants d’un autre âge. Avec le temps on a aussi tendance à oublier certains détails invivables sur le moment, qui perdent en intensité ou en importance en grandissant. Ces interventions sont perturbantes pour le parent qui est déjà complètement perdu avec son tout-petit et se noie et dérive au gré des commentaires.

Sans parler des adultes qui n’ont pas d’enfant et des idées très arrêtées sur l’éducation !

Bref mieux vaut ne pas trop écouter ce qu’on raconte autour de vous et faire comme vous le sentez !
J’ai eu cette chance de recevoir des commentaires tellement aberrants que j’ai très vite pu faire le tri… J’ai eu la chance de croiser de telles différences sur ma route que j’ai vite été obligée de tracer mon propre chemin maternel en ce début de maternité si déstabilisant, fragilisant, déroutant, fatiguant, éprouvant…

Avec le recul, les gens qui se sont avérés de meilleur conseil, sont je crois ceux qui ont dû beaucoup souffrir eux-mêmes des remarques, conseils, intrusions des autres. Spéciale dédicace à ma sœurette chérie d’amour dont je retiens à vie deux conseils inestimables :

– « T’inquiête, à 18 ans il… (aura toutes ses dents, fera ses nuits, mangera proprement… adpater la phrase à votre cas) ou pas ! et alors ?! » En matière de dédramatisation, il n’y a pas mieux !

– « Mais qu’est-ce que tu as envie, toi ? » être au clair avec soi-même permet en effet de mettre en œuvre des stratégies adaptées à son besoin et celui de son bébé. Celui qui est attaché au sommeil, à l’alimentation, à la politesse, à… (adapter le mot à votre cas) de son enfant pourra alors réfléchir à quelles actions il a envie d’inscrire dans son quotidien. Cela peut paraître bizarre à certains mais NON : Nous n’avons pas tous les mêmes priorités pour nos enfants !

Chaque enfant est unique, chaque parent est unique aussi. Personne ne connaît mieux votre enfant que vous et quand bien même ce serait le cas, ils ne seront pas là pour le nourrir, coucher, consoler… et toutes vos angoisses ne les empêcheront pas de dormir sur leurs deux oreilles, eux !

Ne pas rejeter tout en bloc, certains conseils peuvent être utiles, salutaires, peuvent aider à prendre du recul ou à se positionner, mais savoir en prendre… et en laisser ! Pour rester le capitaine du bateau…

 

Pour ceux qui veulent poursuivre la minute psychologie, l’illustration vient justement d’un cours en ligne ici.

Poésie du soir

20141223_184025_resizedEntre l’heure où s’allume le premier lampadaire et celle où la lune est la principale source de lumière dans notre rue, il y a le repas que l’on prépare ensemble, l’histoire du soir le temps que le dîner refroidisse un peu, le moment de manger qui commence toujours un peu mal car c’est si dur de devoir abandonner les livres, l’heure du bain, chaud, chantant, rempli de mousse, de bulles ou de sauvetage de playmobils et un tout petit moment câlin à la sortie du bain, où michoco est lové dans mes bras, enrubanné dans sa serviette de toilettes, mon toujours tout petit, tout chaud et tout humide. C’est juste avant de l’emmener dans sa chambre pour le pyjama et le dodo et ça dure quelques secondes, juste le temps d’un séchage de petit homme…

Petit moment câlin pour se dire des choses que l’on n’a pas toujours pris le temps de se dire dans la journée.

Souvent ce sont des mots doux, des bisous, parfois des chatouilles ou des « je fais le tour de la maison », des découvertes des parties du corps, le sien, en miroir le mien, des comptines, parfois aussi la réponse à certaines questions ou malentendus de la journée. C’est un moment rien qu’à nous que Michoco s’approprie de plus en plus, je soupçonne que c’est entre autre pour retarder d’autant l’heure du coucher…

Ce soir, c’était une conversation un peu surréaliste… une poésie à deux voix…

– J’ai passé une bonne journée aujourd’hui. On s’est bien amusé et tu sais, je suis drôlement contente d’être ta maman, ça me rend très heureuse !

– Merci maman. Toi tu es ma maman à moi.

– Oui je suis ta maman et toi tu es mon fils !

– fils ! fil… ficelle !

– oui c’est ça tu es ma petite ficelle !

– Ficelle. C’est doux ça maman.

– Une petite ficelle, pour toujours accrochée à mon cœur.

– J’aime

Bonne nuit les amis !

ma maman a 37 ans…

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Quand j’avais 9 ans, elle en avait 37.

Depuis les années passent, je grandis, je vieillis même. Elle aussi. Mais pour moi, elle a toujours 37 ans…

Quand je la vois, je redeviens une petite fille qui regarde sa maman comme si c’était la plus belle maman du monde entier, la seule, l’unique !

Je me souviens les cartes de fête des mères préparées avec soin, les petits mots d’amour laissés sur la table, les fleurs de pissenlis dans un verre à moutarde. C’était hier.

Elle avait les cheveux courts. Et moi aussi. Ne me demandez pas pourquoi mon fiston a une coupe d’iroquois, tout ça c’est une histoire de mini-moi…

J’avais toujours des jupes en matière jogging, des hauts en coton quand toutes les barbies de ma classe étaient en dentelles et en froufrous. Des vêtements pratiques, confortables, plus qu’élégants, et voilà que je suis la première à habiller mon garçon « à l’aise » car on n’est jamais aussi beau que lorsque l’on se sent bien dans sa peau… et libre aussi !

Sa colère, son mal-être, son trop-plein on le reverse malheureusement contre ceux que l’on aime le plus. Peut-être parce que ce sont ces personnes qui vous en voudront le moins ? Peut-être parce que ce sont ces personnes qui vous ont appris à ne pas tout garder en vous. Que c’est injuste d’être maman…

Je me suis souvent exaspérée qu’elle ait toujours un train de retard, sur les tampons hygiéniques, les garçons, les déménagements, mais c’est elle qui m’a fait ce cadeau de billet de train d’avance, de cette capacité à avoir confiance en moi, à ne pas attendre des autres. Au lieu de m’énerver, j’aurais du lui dire merci ! J’essaierai d’y penser la prochaine fois, même si je n’y arriverai pas toujours…

Quand elle allait mal, je n’ai pas compris, ou bien j’ai trop compris. Je n’avais plus 9 ans, j’en avais 15, l’âge où c’est trop révoltant de comprendre que le bonheur ce n’est ni gagné ni acquis. J’ai voulu prendre tous ses problèmes et les enfouir en moi pour qu’elle ait 37 ans à nouveau et que j’ai 9 ans pour toujours. Que les enfants sont à fleur de peau sur les émotions de leurs parents…

J’aimerai plus vous parler d’elle, mais vous parler d’elle revient à vous parler de moi et vous parler de moi à vous parler d’elle. Encore cette histoire de mini moi… Et puis au fond je la connais tellement bien que je ne la connais pas tant que ça… On se côtoie. Pudiquement. Voilà que je ne sais même plus par quel bout commencer…

En ce moment ça ne va pas très fort, elle ne m’a rien dit, je ne sais pas si c’est ce nouveau chiffre tout rond, cette tiroïde, le poids de ces fêtes kilométriques ou autre chose, mais à tout âge les mamans sourient et les mini-moi sont de sacrés drôles d’éponge… ainsi va la vie.

Aujourd’hui elle a 60 ans. Pour sa maman à elle, elle a peut-être toujours 9 ans, pour son petit-fils elle aura peut-être toujours 60 ans, mais pour moi elle a toujours 37 ans !

Bonne anniversaire ma maman chérie d’amour que j’aime tant !

Je t’aime d’un amour infini, plus grand et plus doux que tous les pétales de fleurs de la terre entière réunis !

 

Si vous cherchez à acheter ces bougies d’anniversaire, c’est par ici !

Mon mini-moi

gustav-klimt-mere-a-l-enfantTu viens de moi.

Tu étais moi.

Tu étais dans moi.

Du fond de mon ventre tu es sorti pour mener ta propre vie. Respirer de ton propre souffle.

J’avais hâte de faire ta connaissance et je n’avais pas encore réalisé si tu étais toi ou si tu étais moi.

Je te regardais et je me voyais moi. Je ne m’attendais pas à ça. J’avais juste hâte de te voir et je ne savais pas que j’allais me voir.

C’était un peu troublant mais je ne te voyais pas toi, je me voyais moi.

Aujourd’hui tu grandis, tu voles de tes propres ailes de plus en plus, même si tu as souvent besoin de moi. Tu mènes ta vie. Je suis là seulement pour t’accompagner sur un bout de chemin.

Alors je te donne la main si tu en as besoin, pour te montrer que je suis là, que je serai toujours à pour toi.

Pourtant je ne me suis jamais autant demandé si tu n’étais pas moi…

Je ne sais pas si je continuerai à me voir autant dans toi et si oui, combien de temps. Je ne sais pas si les autres te voient comme ça ou si ils me voient comme ça !

Est-ce parce que l’on passe beaucoup de temps ensemble, parce que je te donne beaucoup et que tu prends beaucoup ?

Est-ce moi qui veux voir ces choses-là en toi… complicité ? empathie ? voir l’autre en soi… et se voir en l’autre… tout un programme !

Je me plonge dans tes yeux et je me vois dans tes amandes. Tu les laisses bien ouverts, grands, malicieux. Tu es plongé dans mes yeux toi aussi et je sais que tu te vois dans mes amandes. Comme moi, tu n’en perds pas une miette !

Aujourd’hui tu as deux ans. Bon anniversaire mon petit moi !

 

 

Si vous êtes féru d’art, vous aurez sans doute reconnu en illustration un gros plan sur une des œuvres de Gustav Klimt, les trois âges de la femme, 1905.

Alors, le deuxième, c’est pour quand ?

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Si vous saviez combien de fois on m’a posé la question… Je ne compte plus. J’imagine que toutes les mamans, et surtout celles avec un petit bambin pas plus haut que trois pommes dans leurs jambes, y ont droit…

Je n’y prête plus attention. Enfin si : j’y prête attention, mais je fais la sourde oreille…

Parce que pour l’instant il n’y a pas et il n’y aura pas de deuxième enfant. Vous m’imaginez rentrer dans les détails avec tous les malheureux passants qui font l’erreur de me poser la question ??!

J’aurai bien aimé vous annoncer une bonne nouvelle, je l’avais même imaginé, rêvé. Avoir un second enfant entre les deux et les trois ans de Michoco, c’est ce que j’avais prévu dans les plans qui sont plantés dans ma tête. Je sais que ça ne fait pas partie des plans de tout le monde, mais je voyais bien les choses ainsi pour ma part, pour ma famille.

Même la nature (et les tests de grossesse faillibles) m’ont joué des tours en avril dernier (ici), mais ça n’aura pas lieu.

Sans le savoir, sans le vouloir, l’excellente blogueuse Lexie Swing a exactement résumé dans l’un de ses articles (ici) pourquoi ça n’aura pas lieu :

J’aime ce chemin que nous faisons désormais à deux, reliés par un, deux, trois enfants ou plus, encadrant et protégeant ensemble cette famille qui est la nôtre. L’égalité est là, pas dans le partage de l’aspirateur ou la capacité à faire un lit au carré, mais dans la possibilité d’être deux pour aimer, et s’entraider.

[Je la rassure, cette décision était prise avant la lecture de ses mots, elle n’a donc rien à voir de près ou de loin avec ma situation, mais il y a de ces mots qui résonnent en vous, parfois comme un miroir, parfois comme votre parfait opposé.]

Moi je n’ai pas de chemin à deux, j’ai un chemin toute seule. Et si on parle de deux, il s’agit de Michoco et moi, sûrement pas de grand choco et moi. J’encadre toute seule, je protège toute seule. L’égalité n’est pas là ni dans le partage de l’aspirateur, ni dans la capacité de faire un lit au carré, mais surtout elle n’est pas là -et c’est bien là que le bas blesse- dans la possibilité d’être deux pour s’aimer et s’entraider.

Dans ces conditions et même si pour moi, pour Michoco, je pourrais en avoir envie, je ne me vois pas inviter un autre petit bout dans ce fiasco. Parce que j’ai des mains et du courage pour sécher les larmes d’un enfant, mais pas deux. Parce qu’au premier, je pourrais toujours expliquer que je rêvais d’autre chose pour lui, que je pensais, naïvement, pouvoir faire en sorte qu’avec lui, qu’avec moi, son papa s’implique, mais comment raconter au second que je n’avais pas été avertie ?

Ce que je peux faire avec un toute seule me semble insurmontable avec deux, toute seule. D’autres l’ont fait, il y a un siècle les femmes ne se posaient sûrement pas toutes ces questions, de nos jours non plus, en Afrique notamment, et partout dans le monde, beaucoup ne se posent pas ces questions. Mais moi, avec qui je suis, mon caractère, d’où je viens, ce que j’ai vécu, je me les pose ! Et je n’ai personne pour se les poser avec moi. Enfin si, je vous ai vous, mais pas grand choco…

Nous n’avons pas de problèmes de couple au sens de la partie visible de l’iceberg puisque si on ne met pas ce sujet sur la table, on se parle bien et on réussit même à organiser une sortie familiale tous les 36 du mois. D’ailleurs pour Grand choco ce n’est pas un sujet à mettre sur la table puisqu’il n’y a pas de sujet. Il ne comprend pas de quoi je parle. Et quand je lui demande de l’aide, quand je veux l’impliquer dans quelque chose qui concerne notre famille : Il n’a pas le temps, il est occupé, il dort, il a autre chose à faire, il veut qu’on le laisse tranquille. Bref, on l’emmerde. (Quand il est là. Parce que la plupart du temps il n’est quand même pas là.)

Il n’a pas été là pour les un an de Michoco, ni pour Noël l’an passé d’ailleurs, bientôt un an et la cicatrice est toujours béante. Il n’a pas été là quand j’étais paralysée d’une jambe, quand j’étais au fond du lit avec 40 de fièvre, ni quand Michoco pleurait jour et nuit. Il n’a pas pris part à la décision de l’école de Michoco, des cadeaux de Noël de Michoco, des grandes étapes de Michoco, il ne partage pas à mes questionnements sur les attitudes à adopter pour l’éducation de Michoco, sur nos pérégrinations météorologiques non plus, sur rien de ce qui concerne notre quotidien ou notre avenir, il n’a pas de projets avec Michoco, il n’est même pas au courant que depuis toujours Michoco mange du jambon !

« Mais comprends-moi chérie ». « Oui je comprends qu’on n’est pas ta priorité mon chéri, qu’on passe toujours après les autres, le travail, les obligations, et la grand-mère du voisin de ton oncle. Oui, je comprends que ça ne t’intéresse pas. Qu’ON ne t’intéresse pas… »

C’est un peu triste, voire beaucoup, de ne pas pouvoir faire grandir sa famille. Il dit qu’il nous aime, qu’il pense à nous, qu’il ferait tout pour nous. En attendant il s’occupe surtout de lui et de lui-même.

C’est sûrement dû à beaucoup de questions culturelles, à une attente et une vision très différente de la famille, du couple, j’en conviens mais cette excuse ne suffit pas ni à sécher mes larmes, ni à taire ma colère.

Avec Michoco, je suis passée à autre chose, j’avance. Mais pourquoi faire un deuxième enfant dans ce fonctionnement qui ne me convient pas ?

Certains me diront que je suis trop exigeante, que les hommes sont ainsi. Au contraire, je crois qu’on devrait être plus exigeant aavec ce qu’on a au fond du cœur.

J’étais avec un papa de deux enfants pour le brunch ce dimanche, il était dépassé, il a fait de son mieux pour gérer la semaine d’absence de sa femme qui en temps normal s’occupe de -presque- tout, il a changé sa fille à même le carrelage du bar du resto, ça m’a fait sourire, il s’est énervé un peu vite sur son fils qui a fondu en larmes, mais il se confiait à moi sur le comportement colérique de son fils, il se projetait avec lui dans l’avenir, il se mettait aussi à la place de sa femme. Le lendemain c’est sa femme qui me reparle du bouquin d’isabelle Filiozat que j’ai conseillé à son mari, ça veut dire qu’ils en ont parlé ensemble !

Je ne regrette pas du tout d’avoir Michoco, mais rien qu’à l’idée de devoir bercer, nourrir, changer, rassurer, porter, accompagner, donner des ailes, fixer des limites, laver, soigner, éduquer, divertir un autre enfant, je sais qu’à deux ce serait oui sans réfléchir et que toute seule c’est non tout court…

 

Je ne suis pas allée plagier un site inconnu, la photo de ces adorables chaussons de nourrisson viennent d’ici : Si vous attendez un heureux évènement autour de vous (ou pas !), passez faire un saut chez Panaka62, c’est rempli d’idées ;-)

mon livret de famille amputé

livret-de-familleMonsieur le Député,

J’ai été interpellée il y a quelques jours par un article rédigé sur le blog d’une femme belge en couple avec un compagnon français. Ils ont un enfant ensemble. Elle faisait le récit de son livret de famille dans lequel le nom de son conjoint apparaît à la page « père », mais le sien n’apparaît pas à la page « mère »…

J’avais vaguement entendu parler de cette bizarrerie mais n’y avais pas vraiment prêté attention à l’époque. Cette fois-ci, j’ai sauté au plafond !

Je sais que vous êtes un élu dynamique, proche de vos concitoyens et en tant que député des Français de l’étranger, même si dans notre circonscription le mariage des couples dits « mixtes » est malheureusement souvent un passage « forcé » pour faciliter les démarches administratives et la vie commune, il arrive aussi que des couples fassent le choix de ne pas se marier et de devenir des familles… sans se préoccuper du fait qu’ils soient de deux nationalités différentes !

Un parent étranger, s’il n’est pas marié avec son conjoint français, n’a donc en l’état actuel du droit français pas « droit de séjour » sur la page « père » ou « mère » du livret de SA famille… Je file vérifier sur une source indiscutable : www.vosdroits.service-public.fr. Le site confirme bien noir sur blanc…

Aujourd’hui, et alors que les débats sur la famille sont vifs en France, beaucoup de « familles » ont donc droit à un demi-livret de famille, un livret de famille qui ne leur reconnaît que la moitié de leur famille, un livret de famille qui ne reflète pas leur réalité familiale, un livret de famille qui est amputé d’un de leur membre…

C’est une image bien sûr, mais le seul fait d’être « étranger » peut-il justifier cela ?

Alors d’accord, il doit y avoir des difficultés légales pour certifier la véracité des déclarations et des preuves apportées par le conjoint/parent étranger, je peux en convenir.

Alors d’accord, cela ne change pas les droits, l’autorité parentale, les actes de naissance, le droit à la nationalité des enfants. Cela ne change pas non plus le nom de famille que les enfants peuvent porter, ni les prestations familiales auxquelles ils peuvent prétendre ou pas. En fait cela ne change rien. Absolument rien dans la vie quotidienne de la famille. Mais c’est blessant.

C’est blessant pour l’enfant.

C’est blessant pour le parent français qui ne peut faire une place « digne » à son partenaire dans le livret de famille de son pays.

C’est blessant pour le parent étranger qui n’apparaît pas sur le livret à la page « père » ou « mère », page condamnée à rester vide… Le parent étranger n’a le droit qu’à un report de son nom dans une « mention marginale », littéralement dans la marge d’un coin de feuille du livret donc…

livret de famille page pere-mereDeux petits exemples pratiques : Imaginez le jour où vous devez inscrire votre enfant à l’école et où vous présentez un livret de famille de mère ou père célibataire alors que vous êtes une famille « normale » (je pèse mes mots)… Imaginez le jour où en cours d’instruction civique on demande aux enfants d’étudier leur propre livret de famille et que vous deviez expliquer à votre enfant pourquoi la page « père » ou « mère » est vierge, vous qui vous battez pour la tolérance, le respect, l’acceptation des différences, qui militez contre les discriminations et le racisme…

J’aimerai comprendre pourquoi, si l’on peut reporter le nom du parent étranger en mention marginale, on ne peut pas le faire sur la page « père » ou « mère » ? Comment il est possible de pouvoir transmettre son nom de famille à son enfant et ne pas pouvoir apparaître comme son « parent » sur son livret de famille ? Comment on peut être redevable d’une pension en cas de séparation du couple et ne pas être reconnu dans le livret de famille ? J’aimerai savoir comment en 2014 en France, à l’heure où le mariage n’est plus un passage « obligé » pour constituer sa famille, on ne puisse pas trouver une procédure administrative qui permette de reconnaître l’extrait d’acte de naissance étranger du parent étranger sur le livret de famille français, sachant que le second parent et les enfants sont français, sachant que le nom du parent étranger apparaît bien sur l’acte de naissance français de son enfant ?

Si je me pose ces questions, ce n’est pas pour ouvrir des droits pour l’ « étranger », mais bien pour que les familles concernées soient « symboliquement » reconnues comme telles par la France.

Avez-vous déjà été sollicité sur cette question ? Avez-vous eu à débattre de ce sujet à l’Assemblée Nationale ?

Que peut-on faire pour faire évoluer la loi et les démarches administratives en la matière ?

Je vous remercie d’avance de l’attention que vous porterez à ma requête et reste à votre entière disposition.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

 

Deux articles de blogueuses sur le sujet :

– celui qui m’a fait sauté au plafond récemment : Ma fille n’a pas de mère de « Happy countdown, une maman belge à Paris ».

– un autre trouvé sur internet au cours de mes recherches : Livret de famille avec parent né à l’étranger de « des mômes, des livres, des casseroles, et des vélos, la vie d’une traductrice mère de famille nombreuse »

Et promis : je vous tiendrai au courant si mon Député me répond !