Les dragons-dinosaures débarquent !

Toujours pas d’info sur la date du carnaval à l’école de Michoco, mais nous avons préparé un costume pour « petit I » qui fêtera aujourd’hui le carnaval dans sa garderie (mardi-gras aura lieu officiellement le mardi 9 février cette année).

Ce week-end, c’était donc atelier cousette à la maison, et comme Michoco a complètement adhéré au thème, il a bien entendu voulu lui aussi son costume !

Voilà nos tenues de dinosaure / dragon (au choix de la personne !) :

Nous avons utilisé : 1 gilet à capuche, du tissu et des chutes de différentes couleurs, une paire de ciseau, des aiguilles et une machine à coudre.

20160130_124601_resized20160130_124513_resizedNous avons simplement découpé des losanges que nous avons cousu sur toute la longueur du gilet et de la queue pour former les pics.

 

 

20160130_124611_resized20160130_124526_resized20160130_133007_resizedNous avons ensuite rembourré et refermé les losanges sur eux puis cousu et rembourré la ceinture-queue.

 

 

20160130_150748_resized20160130_152151_resizedNous avons ajouté les dents sur tout le tour de la capuche ainsi que les yeux juste au dessus.

 

 

 

Et voilà le résultat ! ça vous plait ?!

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Pour ma part, j’adore l’idée que l’on puisse retirer la queue, rabaisser facilement la capuche, car il n’est pas toujours évident pour un enfant de moins de 2 ans de garder un déguisement sur le dos pendant plusieurs heures… Michoco lui n’a pas voulu quitter le sien de la journée !

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D’ici à ce que la fête à l’école soit annoncée, Michoco aura peut-être l’idée de se déguiser en pirate, chevalier, magicien ou docteur (thèmes évoqués ensemble), mais on s’est bien amusé ! Et s’il veut garder ce costume de dinosaure/dragon, nous rajouterons peut-être des griffes aux pieds et aux mains pour les finitions…

20160130_152405_resizedSachant qu’il a déjà voulu customiser sa queue d’une pierre magique (dénichée à la mercerie locale grâce aux préparatifs pour notre prochaine cousette de carnaval, plus girly cette fois : thème papillon ! à suivre…)

 

Qu’avez-vous prévu comme déguisement chez vous ?

Chères maîtresses…

Chères maîtresses,

Dans quelques années j’aurai tout oublié de vous.
Non pas que je ne vous apprécie pas, mais ainsi va la vie ! Mes souvenirs se construiront plus tard…

Je vous reconnaitrai peut-être encore un peu sur une vieille photo de classe, mais j’aurai oublié que c’est vous qui m’avez aidé à tenir mon premier crayon, à formuler mes premières phrases, à dire s’il te plaît ou merci, à respecter une consigne, à aller aux toilettes et me laver les mains ensuite, et tant de choses qui me seront tellement utiles pour l’avenir… Vous ne me laisserez pas de souvenirs mais vous m’avez offert un cadre et des bases, c’est tellement mieux !

C’est vous qui m’avez donné confiance en moi et envie de venir à l’école chaque matin, qui m’avez transmis les joies de la vie en collectivité aussi. Vous avez appris à me connaître. Vous avez pris en compte mon caractère pour mieux m’aider à grandir. Vous vous êtes mis à mon niveau pour me parler. Vous m’avez donné la main et respecté, vous avez été là quand je pleurais et tout aussi présentes pour me protéger des dangers.

Depuis le premier jour de classe, vous avez aussi permis à ma maman de lâcher un peu ma main, et ce pour notre plus grand bien à tous les deux.

L’année prochaine je passerai devant votre classe en vous snobant peut-être un peu, mais vous ne m’en tiendrez pas rigueur car votre reconnaissance vous la tirez dans mon sourire, dans mon enthousiasme à découvrir et à grandir, dans mes progrès.

Alors pour toute cette belle année passée ensemble, merci !

 

petite-yaye_merci

 

Escapade scolaire

Mardi j’étais officiellement désignée d’office maman accompagnatrice de la sortie scolaire de la classe de Michoco. A vrai dire la maîtresse ne m’a pas vraiment laissé le choix, mais j’étais ravie quand même !

C’était une première pour les élèves, comme pour moi…

J’ai eu l’occasion de faire beaucoup de découvertes :

. Ce sont les enfants des parents accompagnants qui pleuraient le plus parce qu’ils voulaient toujours rester à 0cm de leur papa ou de leur maman. Sauf Michoco ! Il s’inquiétait tout de même de vérifier si je suivais bien le groupe… au cas où je me serai perdue ! En effet il était absolument scandalisé que je n’ai pas d’étiquette autour du cou avec mon prénom et le nom de mon école comme lui…

. Cette école est vraiment super (je le savais déjà, mais ça ne fait que confirmer !). C’était très bien organisé, l’équipe avait pensé à tout, des pots pour faire pipi, des nattes et des parasols pour le goûter, des bassines pour se laver les mains, des bouteilles d’eau pour boire au milieu de la visite, le bus et les horaires, au taquet.  Vraiment sympa de sortir dans ces conditions (surtout quand on connaît le Sénégal et qu’on sait que ça peut très vite dégénérer…)

. Michoco me parlait de la sortie scolaire tous les jours depuis 5 jours, il l’attendait, il savait qu’on allait y aller en bus, répétait le bruit des animaux, mais je me suis rendue compte que les autres enfants n’étaient pas forcément aussi renseignés / intéressés au programme que lui. Il fait partie du groupe des élèves qu’on peut qualifier d’enthousiastes ! Je pensais que tous les enfants l’étaient par nature, mais non !

. Les autres garçons de la classe ne sont pas plus autonomes que Michoco pour la gestion de leur pipi… Tandis que toutes les petites filles savent bien baisser leur culotte et leur short, les garçons n’arrivent toujours pas à ouvrir un seul bouton de leur pantalon, ni à baisser leur slip de 5 centimètres. Je ne voudrais pas généraliser, mais quand même il semble que certaines compétences se développent plus vite selon le sexe de l’enfant ! Michoco, qui est de la toute fin de l’année, est presque un des plus dégourdis (d’accord, je dis ça parce que c’est mon fils !! et aussi parce que c’est le seul que j’ai menacé…), il a daigné baisser son slip de 4 millimètres !

. Le goûter de Michoco ne ressemble pas du tout au goûter des autres enfants ! Heureusement ça n’a pas l’air de le déranger pour le moment mais il est le seul à avoir une tranche de gâteau ou une tartine fait maison et surtout un fruit frais ou une portion de fruit frais. Je pensais qu’ils seraient au moins 4 ou 5 dans son cas, mais non. Même si quelques-uns ont des compotes toutes prêtes, pour la plupart c’est sachet de biscuits en quantité parfois… industrielles ! 3 sachets individuels de gâteaux et un paquet de chips pour un enfant c’est trop quand même !!! La maîtresse d’un air désolée m’a dit que non, ce n’était pas parce que c’était la sortie scolaire, c’était tous les jours ainsi, du coup elle fait choisir les enfants et  limite à un paquet. Sans vouloir généraliser non plus, ça a l’air d’être une pratique courante chez les familles sénégalaises… Mais elle m’a demandé de ne surtout pas changer le goûter de Michoco qui est très bien comme il est !

. Michoco que je pensais très sociable est en fait assez solitaire en groupe. A partir du moment où il est entouré par d’autres, il cherche plus à rester seul dans son coin. Quand 19 enfants voulaient s’entasser sur un banc de 4 places, lui est allé se chercher une confortable racine d’arbre pour s’assoir. Durant 10 minutes il est resté peinard sans que personne ne lui dise rien. Après ça a dégénéré puisque tous les garçons ont voulu faire de même, en se griffant, se marchant dessus, s’escaladant. Ils se sont bien entendu tous fait gronder avec interdiction formelle de s’assoir sur la racine de l’arbre, mais Michoco lui avait déjà pris la poudre d’escampette pour créer un nouveau siège sur une pierre !

. A deux ans on peut être la tête de turc d’une maîtresse. Heureusement ce n’est pas tombé sur Michoco, mais personnellement, je n’ai pas trouvé B. plus indiscipliné ou terrible que les autres, et pourtant qu’est-ce qu’il s’est pris comme remarques…

. C’est parfois plus facile de gérer les enfants des autres que son enfant ! Michoco adore prendre la poudre d’escampette à la moindre occasion, pas pour faire des bêtises, juste parce que c’est bien connu : c’est toujours plus intéressant ce qu’il y a ailleurs… Bien évidemment quand j’étais chargée de lui tenir la main, il en profitait à fond et moi ça me stressait ! J’ai heureusement réussi à changer de groupe pour ne plus être responsable de lui et c’était très bien ainsi ! D’ailleurs Michoco était ravi également, tant que je faisais partie du groupe. Je surveillais donc U. qui visiblement a la même bougeotte que Michoco mais qui m’écoutait presque quand je lui demandais de rester prêt de moi. J’ai pu conserver un semblant de dignité aux yeux des maîtresses et des autres parents !

. Sans vouloir être médisante, le personnel du zoo ne semble pas des plus qualifiés (bon, ça aussi je le savais déjà, mais ça confirme…). J’assume le fait que je me suis sans doute adressée à la mauvaise personne mais à la recherche du nom de l’animal qui ressemblait à un faon, une biche, un gazelle sans corne (?) le gardien de l’allée m’a répondu que c’était une autruche. Non pas celui-là, celui d’à côté. Là ! C’est un zèbre madame. Ah d’accord… Merci monsieur ! Je n’ai pas vraiment cherché à polémiquer, d’autant que les 3 enfants qui m’entouraient commencer déjà à chercher partout le zèbre. Non il n’y a pas de zèbres les enfants, vous voulez qu’on retourne voir les crocodiles ?!

20150414_113414_resized. Ce que l’on fait seule avec son enfant peut soudain devenir très dangereux en groupe. Je ne veux pas jeter la pierre sur le zoo de Dakar, mais quand j’y repense, je ne sais pas ce qui m’a fait le plus peur : les crocodiles séparés de nous par un muret de seulement 1,5 mètres et la maman d’à côté qui nous raconte qu’en plus les crocodiles peuvent sauter très haut, le fait qu’un enfant de moins d’un mètre pourrait se glisser très facilement sous la barrière pour aller directement caresser le doux museau des… lions ! Ou alors les chimpanzés qui, surexcités par l’abus de sucreries que les badauds leur envoient, relancent violemment à la figure des visiteurs tout objet/nourriture dont ils n’ont pas envie. Finalement en fin de visite le dromadaire qui sort sa tête du grillage pour lécher les visages des enfants m’a semblé beaucoup plus amical ! D’ailleurs c’est le seul moment où j’ai eu le temps de prendre une photo. Bref ce zoo est une vraie catastrophe en terme de sécurité, de pédagogie, mais surtout de respect des animaux…

Bilan général : Fatiguant, mais fort instructif ! Et les enfants ont adoré !

 

Alors l’école ?

ecoleAprès deux semaines complètes à l’école, vous avez été plusieurs à me demander des nouvelles en privé… C’est l’heure du petit bilan !

Michoco, 21 mois aujourd’hui et deux semaines d’école à son actif, ça donne ça :

Michoco va toujours à l’école avec autant de plaisir. Il faut dire que ça avait particulièrement bien commencé (petit rappel) ! Il connaît le prénom de quelques-uns de ses camarades, de sa maîtresse et des deux assistantes. Ils sont 10 filles et 10 garçons, grosso modo 1/3 chocolat, 1/2 chocolat au lait et 1/3 chocolat blanc ! Jeux d’eau le mercredi, sport le vendredi, comptine, peinture, lecture, ils ont un petit programme déjà bien planifié ! Cette semaine la maîtresse a testé un coucou par la fenêtre avec lui dans les bras pour me dire au revoir, mais ça ne lui a pas plu du tout, de grosses larmes sont venues embuer ses yeux au moment où j’ai quitté la cour… On est revenu à l’ancienne méthode, il me lâche à la porte de l’école, se rue vers les toboggans, je l’emmène tant bien que mal à l’intérieur de sa classe avant que tous les autres enfants n’aient envie de sortir jouer dehors, et lui fais au revoir de loin. S’il ne veut pas (pas pour quitter maman, mais surtout pour faire demi-tour vers les toboggans…), la maîtresse vient lui expliquer l’activité du matin, lui demande s’il veut participer et il dit « ouiiii ! » et fonce ! La première semaine, surtout à cause de la fatigue, je venais le récupérer à 11h30 au lieu de 12h, avec comme excuse que c’est le plus petit de la classe, mais au bout du troisième jour quand le gardien ouvrait la porte de sa classe, il partait se cacher sous une table ou s’accrocher à une chaise !!!

Michoco est propre ! Je ne pensais pas que ce serait si rapide et si facile… Quand on a commencé le sans-couche (), ce n’était pas dans ce but. J’avais même hésité à l’envoyer à l’école sans couche, mais vous m’avez donné la confiance dont j’avais besoin. Deux accidents la première semaine, un la seconde, mais d’avis de maîtresse, plus à cause des maîtresses qu’à cause de Michoco. Maintenant il demande. Il vide bien sa vessie. S’il est pris dans ses jeux, faut quand même penser à lui demander. Il a réglé ses cacas sur l’heure du matin avant de partir à l’école. Pour la couche de la sieste, c’est la crise totale : il met ses mains sur son zizi, et dit « non, non ». J’ai donc décidé de le laisser aussi sans couche pour la sieste avec renfort d’alèse et de serviette de toilette pour voir (les couches étaient souvent à peine mouillée) et il s’est couché sans problème… Pour la couche du soir, il ne dit rien, mais demande à l’enlever en se levant. à suivre !

Michoco aime me montrer ce qu’il fait. Impossible de quitter sa salle de classe sans qu’il m’apporte quelque chose à me montrer, un livre, un jeu, un pinceau. Il a envie de me montrer ce qu’il fait, ce qu’il aime et ça me plaît bien. Je vois que les autres enfants ne font pas ainsi, mais moi j’aime bien le voir pleinement acteur de sa vie ! J’ai réussi à comprendre la chanson qu’ils apprennent à l’école. Il me fait partager ses jeux de motricité puisque la première semaine il voulait coûte que coute que je tourne, la seconde, le verbe toucher est apparu dans nos jeux ! La maîtresse a confirmé !

Livres, à l’abordage ! Il avait un peu mis de côté ses livres depuis fin juin et nos vacances, la reprise de l’école l’a relancé dans le plaisir de la lecteure et la découverte des nouveaux livres ramenés dans nos valises l’a boosté. Pas un jour, sans qu’il ne réclame de lire au moins 20 livres, seul ou avec moi, selon ses envies et ses humeurs. Dans la maison, il a maintenant 4 coins livres !

Impec avec les autres. Dans la rue il ne se laisse plus embêter par les autres enfants, il enlève leurs mains de lui et dit ‘ »achou » (c’est le mot qu’on utilise pour dire pousse-toi). C’est un peu chiant, à sa place je ferai la même chose, les autres enfants du quartier, certes plus grands que lui avec sans doute une volonté de le protéger, passent tout leur temps à le toucher… Il est très heureux au milieu des autres, parle avec les enfants comme les adultes, rie, salue, tout en restant très indépendant. J’aime bien qui il est ! Il décide vraiment les activités qu’il a envie de faire. Il a parfis ses temps tout seul. Il regarde ce que font les autres, entre dans leurs activités, il est souvent aussi l’initiateur des nouveaux jeux. En revanche quand il a décidé quelque chose, vous avez intérêt à être d’accord avec lui ou à avoir un plan B à lui proposer !!!

Colère, caprice, décharge, frustration, affirmation ? Quelques colères d’énervement, quelques crises, c’est nouveau. Il gagne en autonomie, sans pouvoir faire toujours tout ce qu’il voudrait faire, il emmagasine beaucoup aussi à l’école, la fatigue se rajoutant, je reste zen… (j’essaies !!!). J’ai mis en place le plan B, je vous en parle bientôt ;-)

Fini les endormissements sereins… Ecole, venue de son papa, début de la propreté, chaleur, autre phase ? Difficile à dire mais depuis le second jour d’école, retour à la case départ… alors que Michoco s’endormait vraiment bien tout seul le soir depuis ses 12 mois et 18 mois pour la sieste. Si je quitte la pièce, hurlement, destruction de tout élément à sa portée. Si je m’assois dans un coin de la pièce sans parler ni bouger, il s’allonge. Il trouvait son sommeil, mais a compris le truc et commence maintenant à faire le malin et jouer dans le lit ou rire en m’appelant. Il va falloir que je recommence ma technique d’éloignement qui consiste à me déplacer de quelques centimètres chaque jour, pour finalement finir un beau jour en dehors de la chambre… J’ai eu un peu plus pitié de lui et bingo, Michoco a saisi la brèche… Ce n’est pas non plus la mer à boire, l’histoire de 15 minutes que d’autres parents m’envieraient sûrement, mais j’ai hâte de revenir à une situation sans larme ni cri ni stress… Pour le soir, on commence à revenir doucement à la normale, pour la sieste, je m’accroche ! Il a adopté la turbulette qui se trouvait au pied de son lit comme doudou et la réclame systématiquement comme oreiller pour s’endormir.

Beaucoup de sommeil en moins… Crevé par la matinée, les énervements pour s’endormir, couché à 13h au lieu de 12h15. Il se réveille à la même heure (entre 15h30 et 16h), c’est donc 45 minutes à une heure de sieste en moins l’après-midi et des réveils entre 6h30 et 7h au lieu de 8h… ouch, ça pique les yeux ! C’est donc plus d’énervements, plus de moments où Michoco se fait mal, se plaint, réclame de l’attention. On a gardé le plus possible le rythme à la cool pour le reste de la journée, mais le décalage de la sieste de l’après-midi n’a pas encore était accepté par son rythme biologique. L’adage : « plus il dort, plus il dort » a toujours été vrai ici… Je m’accroche encore deux bonnes semaines car j’ai remarqué qu’il faut souvent 21-25 jours à Michoco pour s’adapter vraiment à une nouvelle situation. Et puis je suis optimiste, ce matin il s’est réveillé à 8h, youpi : ma petite grasse mat’ du dimanche !

Et pour moi ? J’ai réussi à être beaucoup plus efficace dans mon travail, à me détacher de la maison, du coup je reprends plus de plaisir dans ce que je fais et ça me motive. Ces plages horaires bien organisées me permettent de mieux séparer les choses. Le temps pour le travail n’est pas mélangé avec le temps pour cuisiner ou interrompu par Michoco ou quelqu’un d’autre. ça fait du bien au cerveau ! Même si on se retrouve à 12h, le temps passe vite : voiture, repas, pipi et dodo. Quand il se réveille je suis replongée dans mon boulot (et le blog, hihi !) depuis belle lurette. Un petit coucou, mais on se retrouve « vraiment » à 17h30 pour notre promenade dans le quartier, un intemporel depuis sa naissance ! Les deux heures ensemble sont donc d’autant plus un plaisir, sans parler des week-ends où on a enfin le temps de trainer, jouer ensemble, profiter !

Les trajets en voiture… L’école de Michoco est à 15 minutes de voiture de la maison, mine de rien, multiplié par plusieurs fois par jour, plusieurs fois par semaine, ça prend du temps. J’ai branché RFI et en profite pour écouter un reportage ou les infos. Michoco lui a adopté la consultation du catalogue Légo comme rituel de trajet. Sur le chemin il commente : citerne, mouton, tracteur, jumbo (notre cube bouillon de poule maggie, en publicité 4×3), allah ouakbakh (ce qui veut dire en arabe : Dieu est grand, oui, Michoco parle arabe ! on passe devant plusieurs mosquées !), mer, arrive (pour m’expliquer que les vagues arrivent), bref, vous l’aurez compris, notre trajet est très intéressant ! Le déménagement de mon bureau ici me permet de limiter les allers-retours inutiles. Dans le quartier de l’école de Michoco, en plus de la plage il y a pas mal de cafés sympas avec la wifi !

Même si ça demande quelques ajustements et adaptations, je crois que Michoco est content de cette nouvelle organisation ! A l’école les maîtresses sont également très contentes de lui ! Et moi je suis très contente de l’équipe qui s’occupe de lui, contente de voir Michoco content et contente d’être moi-même contente de cette nouvelle organisation… Bref, tout le monde est content !!! Lol !

 

 

 

 

Petit bonhomme, grande classe !

20140909_082041_resizedComme vous avez pu le comprendre hier, la rentrée s’est super bien passée !

Trop pressé d’aller à l’école, Michoco n’avait pas le temps de boire son biberon pour ce premier matin de rentrée… Il était surtout obnubilé par les gâteaux. Je lui avais expliqué que je mettrai un gâteau dans son sac pour le goûter et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !

tateau, tateau + signe du gâteau avec la main !

Ceux qui ont lu l’article précédent (ici), savent que dès qu’il a passé la porte de l’école, il a lâché ma main…

Alors pour les curieux, voilà la suite de l’histoire :

Il a foncé vers les jeux extérieurs qui avaient été installés en face de sa salle de classe. Sa maîtresse est venue vers lui, nous nous sommes présentés, elle a laissé les autres enfants pour lui consacrer quelques minutes, rien qu’à lui. Le temps aussi pour moi de lui glisser trois mots.

Il s’appelle Michoco. Il est tout petit, il est de fin décembre. Il a 20 mois.

Il ne porte plus de couches, mais il faut bien lui proposer d’aller aux toilettes car il n’y pense pas de lui-même.

Voilà son sac.

[Michoco fait le signe du gâteau en montrant son sac]

Oui *michoco* il y a des gâteaux dans son sac.

Ah oui, on fait le langage des signes à la maison, ne vous étonnez pas s’il fait des signes. ça (en faisant le signe) ça veut dire gâteau.

Elle l’entraîne vers le tobogan.

Tu veux faire du tobbogan ?

Oui*

Tu dis au revoir à maman et papa ?

Oui*

Il nous fait un bisou plus que furtif à mon goût et s’en retourne aux jeux, regardant à peine notre petit au revoir de la main…

Non mais quelle ingratitude tout de même, moi qui me fais un sang d’encre depuis des semaines !!! Je me plains mais c’est pour la forme (et essayer de vous faire rire !) car en fait moi non plus je n’ai pas pleuré, je n’en n’ai pas eu envie. J’étais vraiment heureuse.

J’étais super contente et dès que j’ai repassé la porte de l’école dans l’autre sens, pour la première fois depuis la naissance de Michoco je ne me suis pas demandée s’il allait bien, si tout se passait correctement sans moi. J’étais sûre que tout irait bien et que même si ça n’allait pas c’était sa vie et que je n’y pouvais pas toujours tout. Pour les psychologues de comptoir, à cet instant où j’ai repassé la porte de l’école en sens inverse, le laissant derrière moi, s’est produit le « big bang de la défusion ». Cette seconde précise où votre relation mère-enfant est transformée, à tout jamais. Décidemment, cette porte doit être magique, il faut que je pousse un peu mon enquête !

3 heures plus tard, je suis revenue le chercher et il allait super bien.

ça s’est très bien passé ! m’explique la maîtresse

Pas une larme, pas une trace de morve, il portait toujours le même pantalon donc pas de fuites urinaires non plus.

Je ravale ma salive pour éviter d’ensevelir la maîtresse sous les 300 questions que j’aimerai lui poser… elle a 19 autres bambins à s’occuper. Je suis la première à être venue le chercher, mais j’ai une bonne excuse : c’est le plus petit de l’école !

Il ne m’a même pas embrassé, il ne m’a pas sauté dans les bras comme si je repeuplais enfin son monde. Non. Il m’a entraîné vigoureusement vers le bac à sable, me montrant un à un camions, sauts et autres pelles. Il m’a montré la cabane au fond de la cour, le lapin en face de leur classe, il a attaqué le toboggan par la face nord. Bref il ne voulait pas partir ! Bref, il était chez lui ici ! Au bout de 10 minutes de tergiversations sur la nécessité pour lui de rentrer à la maison pour aller manger puis dormir, il a finalement accepté que je le maintienne fermement et vigoureusement dans mes bras pour ne pas qu’il s’échappe à nouveau… congratulant toute l’équipe d’un énorme au revoir. Je pourrais vous dire que c’est honteux, inadmissible de saluer des inconnus et ignorer sa mère 3 heures plus tôt, mais non : c’est super bien !

Tu reviendras demain matin à l’école ?

Oui ! *

 

 

* à la choupitude du oui (cf ici), je dis oui pour la vie !!

 

 

il a lâché ma main et j’ai su

plume en volA la seconde où nous avons franchi la porte de l’école, j’ai su.

J’ai su que tout se passerait bien

A cette seconde précise, j’ai oublié la panique ce matin car le gardien nous avait enfermé à l’intérieur de la maison. J’ai oublié l’engueulade avec grand choco à propos du gardien et des clés de la maison. J’ai oublié que Michoco n’a pas voulu avaler une goutte de son biberon. J’ai oublié l’énergie qu’il m’a fallu déployer pour que tout se passe de manière agréable, fluide et efficace dans cette nouvelle organisation matinale.

A cette seconde précise où nous avons passé la porte de l’école, il a lâché ma main.

Il a lâché ma main et j’ai su.

Je suis devenue sûre, intimement persuadée que tout se passerait bien.

Pour lui.

Pour moi.

Il a pris son envol, et je n’avais pas peur.

Je l’ai laissé ouvrir ses ailes. S’éloigner de moi.

Je n’ai pas retenu sa main dans la mienne, j’ai juste laissé ses doigts glisser le long de ma paume pour profiter de cette dernière caresse. Une plume. Une caresse que je n’oublierai jamais. Celle de sa première rentrée à l’école.

Peu importe ce que je pourrais dire, faire, nous avons déjà fait notre rentrée. Au moment même où il a franchi la porte de l’école. Au moment même où il a lâché ma main. Au moment même où je l’ai laissé aller.

un petit air de rentrée…

Dernier week-end avant la rentrée…

Nous avons foncé tête baissée hier matin dans THE librairie de Dakar pour compléter nos toutes dernières fournitures scolaires : une feuille de canson 50×60 et un rouleau de papier fantaisie.

Nous qui partions, la fleur au fusil, anodinement, faire deux courses de rien du tout, nous avons été plongés en pleine rentrée !

20140906_103612Le parking affiche complet. La librairie est full. Devant les étagères de fournitures. Aux caisses. Des parents, des enfants « studieux » de 20 mois (Michoco !) à 17 ans.

Tous les enfants qui entrent dans une école de type « française » font leur rentrée lundi ! Nous aurons les mêmes vacances, Toussaint, Noël, etc. qu’en France. La seule différence c’est que nous commençons une semaine plus tard et finirons une semaine plus tôt (faut pas déc*** non plus, faudrait pas trop nous priver de la plage à 200 mètres !)

20140906_103701Les petits « américains » sont rentrés depuis le 15 août, hé hé ! (cela dit, à 9.000 € l’année scolaire, faut bien justifier…). Les petits sénégalais devront quant à eux attendre un mois avant que leur rentrée officielle ne soit annoncée. Et pour la petite histoire, les enseignants sénégalais attendent aussi l’annonce officielle pour commencer à envisager de  penser à se mettre en route vers le chemin des écoles… En brousse, je n’ai jamais assisté à une rentrée scolaire avant novembre (voire fin novembre… voir début décembre… selon le calendrier religieux…) ! Sad :(

20140906_150105Mais revenons à nos moutons ! euh… à la librairie ! Tout est prévu, feuilles, cahiers, stylos en tout genre, cartables, on se croirait en France. Sauf si on regarde les prix. Et bien oui, il faut bien payer le transport de tout ce joli matériel. Canson, Bic et les cahiers Conquérants ne se sont malheureusement pas portés volontaires cette année encore pour sponsoriser l’opération…

Seule petite fantaisie « locale » : nous avons aussi un rayon pour les gourdes isothermes. Chaque enfant, en plus de son petit goûter, est prié d’emmener son eau à l’école !

Cette librairie est un peu hors du temps, surtout hors de l’espace de Dakar. Dès qu’on franchit la porte, exit le bruit, le brouhaha, les détritus, l’agitation colorée des rues de Dakar. 20140906_104234Ici tout est frais, neuf, propre, organisé, rangé, prévu ! Même les files d’attente ressemblent à des files d’attente… Une petite enclave européenne qui coûte moins cher qu’un billet d’avion !

A part 2 ou 3 parents paumés qui ne comprennent pas la différence entre un cahier à spirales et un cahier « normal » au plus grand damn de leur progéniture et de l’équipe commerciale, c’est fluide, efficace ! Comme en Europe je vous dis !!

Michoco se précipite vers l’espace jeu… Coussins, tapis, et surtout : un car rapide miniature absolument adorable (d’ailleurs, c’est décidé : JE veux le même à la maison. Promis, je le prêterai des fois à Michoco, mais pas tout le temps quand même !).

20140906_103644Il ne veut plus quitter l’espace jeu. Il va chercher des livres, des camions en plastiques, des boîtes de jeux (à vendre, je précise que ce n’est pas une ludothèque gratuite !!!). Quand je lui dis au revoir et me dirige vers les caisses, il me salue de la main, me gratifie de son plus joli « auvoi » et retourne vaquer à ses occupations : faire rentrer le car rapide dans l’enceinte du château fort.

Il s’est peut-être cru à l’école ? Je n’ai pas arrêté de lui dire qu’à l’école il y aurait pleins de jeux et d’enfants… et des parents qui disaient au revoir et qui revenaient plus tard…

Si la rentrée pouvait être comme ça demain, ce serait vraiment cool !

Dire que je vais balancer mon tout petit dans la cour des grands…

scared womanNous étions encore la tête dans les vacances.

La blogosphère n’avait pas encore été inondée d’articles « comment préparer la rentrée ? »  » conseils pour bien commencer l’école » « la rentrée : on compte les dodos » « les meilleurs livres pour préparer vos petits à la reprise » « le meilleur et le pire des rentrée des classes », etc.

Il y a deux semaines, je vous aurai fait un article ultra positif sur mon bonheur d’envoyer Michoco à… l’école !

J’étais sur mon petit nuage, ravie qu’il puisse enfin vivre des expériences en collectif, contente de lui donner l’occasion de découvrir pleins d’activités, de se faire des amis, d’interagir avec d’autres adultes. J’étais fière qu’il puisse faire son petit bout de chemin un peu plus loin de sa maman, soulagée d’imaginer pouvoir enfin bosser 2 heures consécutives sans être interrompue, bref heureuse qu’il grandisse ! J’ai fanfaronné tout l’été sur cette nouvelle étape dans notre vie à tous les deux. J’avais une confiance absolue en lui, en moi aussi. Je me sentais prête, je le sentais prêt aussi.

Oui mais ça c’était il y a deux semaines…

Et depuis, j’ai peur ! Je n’ai pas peur : je suis carrément flippée !!!!

Michoco semble toujours aussi serein, il connait son cartable, sait dire le mot école, mais il ne sait pas ce qui l’attend, lui !

Je n’avais pas réalisé :

  • que j’allais abandonner mon petit bonhomme
  • que peut-être il allait pleurer
  • que peut-être il n’allait pas pleurer (qu’est ce qui est pire ??)
  • que je ne saurai pas exactement comment se sont déroulées ses journées
  • qu’il faudrait que je le bouscule un peu le matin, lui qui vient (enfin) de rallonger ses nuits jusqu’à 8h15 (couché à 19h30, pas mal hein ?!)…
  • que quelqu’un pourrait lui faire du mal
  • qu’il n’y aurait pas toujours quelqu’un pour l’aider à se relever s’il tombait
  • qu’il ne réussirait peut-être pas toujours à se faire comprendre, moi qui connais chacun de ses signes, chacun de ses mots, chacun de ses battements de cils…
  • qu’il n’aurait pas tous les mots, la maturité pour me faire partager son ressenti
  • qu’étant né fin décembre, il serait aussi le plus petit de la « toute petite section », le plus petit de toute l’école… mon déjà grand que je trouve finalement si petit pour cette cour de grands…

Je n’avais pas non plus réalisé :

  • qu’il faudrait que je prenne sur moi,
  • que c’était moi l’adulte de l’histoire et que c’est probablement lui qui va me donner une grande leçon de grand…
  • que, même si j’adore le voir grandir, je voudrais aussi le garder toujours tout contre moi comme mon petit bébé tout juste sorti de mon ventre.

Alors je vous rassure (vous n’avez pas besoin d’être rassurés, mais moi si !!!), à deux ans (20 mois 1/2 pour Michoco), le but n’est pas d’apprendre à lire et à écrire ! L’école à deux ans (pour ceux qui en ont les moyens…) correspond à un besoin de socialisation car ici beaucoup de petites têtes blondes (ou brunes !) sont avec une nounou dans leur maison et qu’il n’y a pas vraiment de lieux de rencontre (ludothèque, square, bacs à sable… si ce n’est au hasard d’un coin de plage). Il ira 5 matinées par semaine dans des conditions ultra privilégiées par rapport à la France (une maîtresse et 3 ou 4 assistantes de classe pour 20 élèves, ça vous fait rêver ?), accompagné par une équipe qui semble ultra bienveillante.

Je me regonfle à bloc, remplis mes poumons. Je sais que mon état d’esprit influera beaucoup sur le sien. Je pense aux mamans qui ont dû laisser leur petits bouts à 2 mois, 5 mois, un an et goûte mon bonheur d’avoir tant pu profiter de lui. Je me ressasse toutes les raisons qui m’ont fait faire ce choix, compte les points positifs. Bref, à J-7, je me donne du courage comme je peux…

Mais une chose est sûre :

Même si le jour de la rentrée j’oublie son cartable, son goûter, sa gourde, sa tenue de rechange, ses fournitures scolaires, ses chaussures…

Même si le jour de la rentrée je l’oublie à la maison…

Je ne vais pas oublier d’emporter mon paquet de mouchoir !!!

 

crédit photo : j’ai cherché une photo au hasard du web, mais l’article d’où elle provient est très éclairant : je viens enfin de comprendre pourquoi je ne mincis pas ;-)

Compter comme un pied

chiffre-noirQui dit vacances dit devoirs de vacances quand on héberge une petite vacancière de 10 ans. Petite piqûre de rappel pour moi car, mine de rien, l’histoire des retenues ça remonte à longtemps…

Ma petite vacancière est en CE1, elle a un peu de retard car elle a commencé sa scolarité au village et a été rétrogradée de niveau quand elle est arrivée en ville chez son oncle pour pouvoir mieux étudier. Elle est chez son oncle depuis 3 ans et je pensais qu’elle avait progressé car je la connais depuis toute petite. Elle parle maintenant wolof, s’exprime assez bien en français, malgré sa timidité, mais c’était sans compter sur les maths…

Nous avons passé une semaine sur une dizaine d’opérations (additions et soustractions), à raison de presque deux heures par jour… Elle était censé faire aussi des exercices de multiplications et de divisions aussi, mais là j’ai mis mon véto car quand tu ne sais pas faire une addition, comment réussir une multiplication ? Elle ne comprend rien et fait au hasard. Complètement tétanisée, des dizaines de minutes pour dire combien font 3 + 4 ou 6 – 2. Les retenues sont posées au plus grand des hasards, sans aucune logique. Cela dit, c’est statistique, une fois sur 156.987 elle tombe sur le bon résultat, comme quoi elle a raison de persévérer… En fait elle n’a pas les bases.

Le plus triste pour moi c’est que dès que je levais mon crayon (j’ai l’habitude de parler avec mes mains), elle se recroquevillait comme si j’allais la frapper. J’ai eu beau lui expliquer que je n’allais pas la frapper, que j’étais là pour lui expliquer, dur dur… Personne autour de moi n’était étonné. « Nous on frappe les enfants pour qu’ils apprennent, sinon ils n’apprennent rien, ils ont la tête dure », m’explique la nounou de michoco. « Mais si c’est des enfants toubabs ou métisses, pas besoin de les frapper parce que eux ils apprennent bien ! » Ouf me voilà rassurée !!!!!……….. C’est peut-être parce qu’on ne les frappe pas et qu’on prend le temps de leur expliquer qu’ils apprennent mieux, non ???

On compte tous plus ou moins avec ses doigts ou des bâtonnets pour s’aider. Et bien en Afrique comme on vit en tong toute l’année, c’est très pratique, on peut aussi compter avec ses doigts de… pieds quand ça dépasse la dizaine !! C’est ainsi que je la vois après avoir décompté de l’index à l’auriculaire, passer sur ses pieds ! Onze, douze, … Pratique, mais pas très efficace visiblement…

Bon j’avoue qu’au bout du troisième jour après avoir refait 10 fois la même opération et passé 15 minutes pour compter 0 + 8, il y a de quoi perdre ses nerfs. On respire, on se détend… On arrête là pour aujourd’hui ? On reprendra demain ? Je pense que tu es fatiguée là…

Malgré toute ma bonne volonté pour essayer de lui expliquer, je dois bien faire le constat de mon échec. On part de trop loin, on a trop peu de temps…

En même temps vous vous imaginez vous apprendre à compter en chinois ? Votre enseignant vous disant les chiffres et les explications en chinois alors que vous n’en comprenez pas un mot ? Sans oublier qu’un calcul de 1.567 + 789 est peut-être encore plus abstrait ici qu’en Europe car ce que l’on compte dans le quotidien est très pragmatique et que la valeur de l’argent n’est pas la même, donc tous les chiffres sont « arrondis » (1,5 € = 1.000 FCFA environ ce qui change aussi les façons d’appréhender les nombres).

D’ailleurs dans beaucoup de langues africaines (dont le wolof, le puular et le bambara pour celles que je connais), on ne compte pas du tout comme en occident et ce dès le chiffre 6.puisque le 6 se dit 5+ 1, le 7 : 5+ 2, un peu comme nous disons vingt-trois par exemple. Pour les dizaines, aussi : on dit 5 x 10 pour dire 50.  Pratique quand on apprend à compter avec la méthode française à l’école, mais que dans sa tête et son quotidien c’est la méthode africaine qui est de mise…

Quand on sait compter jusqu’à 5, qu’on sait dire 10, 100 et 1.000, 1.000.000 et qu’on sait que le trente est une exception (qui se traduit par jour et lune, logique !), on peut compter à peu près jusqu’à l’infini !!! Au hasard : 76.862 = 7×10 + 5+1 * 1.000 + 5+3*100 + 5+1*10 + 2 et le tour et joué !

Oui, très facile en somme, sauf que on compte tout comme ça sauf l’argent ! Et oui… on ne compte pas l’argent du tout de la même manière !!! L’unité de 5 en argent ne se dit pas pareil que le 5 numéraire, et pour dire 75, on dit 3 x 25 et non 7×10 + 5, ou plutôt devrais-je dire 6×10 + 15 pour nous ! Pour simplifier la tâche, le même mot 100 pour compter des carottes ou des moutons, signifie en fait 500 quand on compte de l’argent ! Un seul mot pour 2 nombres différents, logique !

Tout compte fait, j’en tire une conclusion : quand vous êtes africain, soit vous devenez très très fort en maths (certains commerçants de rue sont carrément bluffant), soit vous restez nuls toute votre vie…

Notre petite vacancière est bien rentrée chez elle car demain c’est la rentrée des classes. Elle est adorable, serviable, discrète, gentille, mais compte vraiment comme un pied…