Ma chère Marie,
Le défi était lancé depuis quelques jours. Je errais l’âme dépitée à l’affût du moindre chat dakarois.
Au Sénégal je te l’ai avoué d’office : ils sont détestés, rejetés, dénigrés. Il y en a bien sûr, pas bien gros, pleins de puces, le poil hirsute et l’oreille arrachée je te l’avoue, mais ils existent. De là à avoir la chance d’en apercevoir un de prêt… ils sont chassés à coups de pierre par les petits et grands. Autant te dire qu’un chat qui viendrait se câliner à coup de 8 ronronnant entre mes jambes aurait vraiment été bien insolite !
J’échafaudais déjà des plans pour monter une planque, investir dans un téléobjectif, quand l’idée me vint, limpidement : changer de continent !
Je partais cœur vaillant à mon premier assaut d’Asie, un petit Michoco sous le bras.
Ces pays où l’on mange les chiens ne peuvent qu’être les amis des chats ! Je serai allée sur la lune pour toi s’il l’avait fallu…
Bingo, déjà à l’aéroport, le bureau de l’hôtesse est décoré d’un chat en porcelaine porte-bonheur qui secoue nonchalamment la patte ! C’est bon signe…
Quelle ne fût pas ma déception, à croire que tous les chats ont été réincarnés en porte-bonheur…
Pas un chat.
Au sens littéral du terme bien entendu, parce que niveau foule, je crois qu’à Hong Kong nous étions plutôt bien servis question habitants au mètre carré et taux de rentabilisation de chaque centimètres de bitume, de métro, d’escalier de roulant, de passage piéton, de table de restau et d’appartements !
Mais niveau chat : rien ! J’aurai eu plus de chance d’en croiser un en Sibérie je crois… Cette ville est remplie de dragons, plus de doute, ça doit faire peur aux félins de gouttière…
Les femmes de ménage philippines promènent entre la vaisselle et le repassage les toutous de ces dames, qui ont même droit parfois à des poussettes particulières, pour préserver coussinets et poils soyeux des dangers de la vie urbaine. Pendant ce temps, toujours pas de chat, ni poussette pour moi, c’est sur le dos que je trimballe le Michoco qui pèse presque plus qu’un âne mort. Pas de quoi fouetter un chat tu me diras, sauf qu’après avoir lu le plan de la ville à l’envers et fait un détour de 3 heures de marche en plein soleil, mon niveau de sympathie et de patience se raréfie. Tu voulais de l’aventure ? Tu es servie, loin des rues chics des Hong-kongais habillés en Vuitton et en Prada, me voilà perdue en plein cœur d’un quartier bien chinois…
J’ai cru qu’il me faudrait 7 vies pour en trouver un. A croire que tous les chats finissent en boulettes dans les raviolis vapeurs et nouilles séchés des gargotes de ce pays…
Mais c’était peut-être mon destin, qui sait ?
Atterrir par le plus grand des hasards dans cette rue dédiée à la vente en gros de poissons et autres animaux de mer séchés.
L’endroit rêvé pour mener une vie de pachas…
C’est tout à fait fièrement que j’ai l’immense honneur et plaisir de te présenter le seul et l’unique croisé sur ma route :
Gardien et marchand de poissons et autres carapaces de crustacés iodés de son état !
C’était ma participation aux instantanés singuliers #4 de Marie Kléber !