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je_suis_kenyan

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Le chiffre est impressionnant. Je n’ai pas de visages à mettre sur ce chiffre. Pas d’images. Ou si peu. Alors ce chiffre tourne en boucle dans ma tête. 148.

148 jeunes qui n’avaient rien demandé, qui ne faisa

ient a priori rien d’autre que d’être eux-mêmes et préparer leur avenir.

 

148.

Au nom de quoi ?

Alors oui, on n’en parle pas assez dans les médias, ce n’est pas juste. Dure loi de l’audimat moderne… Quoique je vous assure, sur RFI, on en parle beaucoup ! Sur internet on retrouve les infos mises à jour régulièrement…

Mais ceux qui hier m’attaquaient sur Facebook parce que j’osais afficher « je suis Charlie » sur mon statut ne sont pas là aujourd’hui pour s’indigner, pour pleurer, pour lutter, pour se rassembler. Ils mettaient en avant le fait que les occidentaux s’en foutent des africains alors pourquoi ils iraient pleurer quelques morts français pendant que leurs « frères », comme ils aiment tant dire, mouraient sous le silence de la communauté internationale ? Où sont-il ceux-là qui étaient plus qu’agressifs à mon encontre ? Je les attendais un peu au tournant, je l’avoue…

Autour de moi, ceux qui étaient Charlie hier (ou pas mais qui étaient solidaires, on ne va pas refaire le débat, je crois qu’au fond on avait tous les mêmes choses sur le cœur), sont aujourd’hui Keynian. Je ne suis pas les informations franco-françaises, mais pour un évènement que l’on tait, je trouve qu’il y a drôlement de bruit sur les réseaux sociaux.

Moi je suis Charlie, je suis bringbackourgirls, je suis Bardo en Tunisie, je suis Kenyan. Je suis fraternelle de toutes les victimes de cette folie absurde et sanguinaire qui n’a ni queue ni tête. J’ai beau chercher, me replonger dans les Ecritures sacrées, je ne vois rien qui puisse justifier de tels actes. Je suis triste pour mes « frères », keynian aujourd’hui, qui ont vu leur vie arrachée, pour leurs proches dont je n’ose imaginer la souffrance.

Alors je continuerai d’être… D’accord, ça fait un peu slogan, ça ne change pas les choses, mais j’ai besoin de me raccrocher au fait qu’il ne faut pas baisser les armes. Jamais. Qu’il faut rester soudés aussi.

J’aimerai ne pas avoir à justifier si je suis française, africaine, pourquoi les médias taisent l’événement ou les dirigeants ne réagissent pas.

Puisque visiblement on n’en n’a pas encore fini avec ces fanatiques… Oui, ce n’est vraiment pas grand chose. A ma petite échelle, que faire de plus ? C’est toujours mieux en tout cas que de passer son temps à monter les uns contre les autres, à mettre de l’huile sur le feu pour diviser, semer le doute, vouloir donner des leçons.

Aujourd’hui je suis kenyane, tout simplement parce que j’habite sur cette planète, qui ne tourne décidemment pas très rond…