Note pour plus tard………………… #11

grain_de_sable… Penser à vérifier le contenu des poches et des revers de pantalon de Michoco quand il revient de l’école…

… Penser à créer un lieu de stockage du surplus de sable à l’entrée de la maison pour aller le reverser régulièrement (et incognito) dans le bac à sable de l’école…

1. ça nous évitera d’étaler des kilos de sable dans la maison, sur mon lit, le canapé, les tapis… je ne veux pas faire ma grincheuse, mais c’est vraiment désagréable tout ce sable…

2. et ça m’évitera aussi de me faire pointer du doigt à l’école car à force ils vont bien finir par se rendre compte que le niveau du bac à sable baisse à vue d’œil et que les poches de Michoco repartent toujours remplies…

 

Rien à voir, mais je cite toujours mes sources photos quand elles ne m’appartiennent pas, l’image vient de ! Je vous laisse, j’ai une maison à désensabler…

de bois et de sable

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Le petit garçon qui n’avait pas les yeux dans sa poche l’avait débusqué, déterré. Ce bout de bois avait passé là des semaines, des mois, qui sait, des années ? Un coin de sable envahi par les plans sauvages de menthe-basilic, usé par les vents et le soleil, avait été son refuge. Il était enivré d’air marin, c’est sûr.

Bout de bois qui soudain revenait à la vie. D’objet oublié, abandonné, le petit garçon semblait l’avoir sorti de son état maudit.

Il lui avait redonné une dignité, attribué un statut de poupée, de bébé, de compagnon de jeu. D’un morceau de bois et de sable, l’objet avait regagné son statut de statue.

Le petit garçon avait rapidement su lui donner un nom aussi. Ce n’est pas rien un nom quand on veut exister… Tout était parti d’une blague de comptoir entre le gérant et le serveur de ce coin de plage pour savoir qui avait la plus grosse tête. De Cheikh ou de Ouzin, le petit garçon avait tranché sans sourciller. Il l’avait baptisé Ouzin. Bébé Ouzin pour être plus précis.

Il l’avait adopté et voulait le ramener chez lui.

On n’emporte pas un objet si mystérieux impunément sur cette terre du berceau de l’humanité. C’est un peu comme déterrer un cadavre. Sa maman n’avait pas voulu. Secrètement elle aurait bien aimé, c’est vrai ! Mais cet objet ne leur appartenait pas. Ni à elle, ni à lui. Il appartenait à ce lieu, à cette plage. Ce bout de plage était un peu le leur aussi, surtout les dimanches après-midi. Ils viendraient lui rendre visite. Souvent. Le petit garçon n’avait pas insisté mais ne manquait jamais d’aller retrouver sa poupée stoïque, qui trônait maintenant en belle place, tel le maître de ces lieux.

Poupée antique, poupée mystique. Couleur bois, couleur sable. Viens-tu du Mali, du pays de la teranga ou de la terre des hommes intègres ? Es-tu arrivé par la mer, par la terre ? De quel siècle es-tu ? De quel bois sors-tu ? Raconte-nous ton histoire…

Dis-nous aussi qui a emprisonné tes secrets dans cette écorce couleur sable ?

Le petit garçon lui savait. Il possédait encore la clé de ces mystères, ceux que les ancêtres murmuraient à l’oreille des nouveaux-nés pour apaiser leurs cris de bienvenue. Il possédait les secrets mais n’avait pas les mots pour l’exprimer. Quand il saurait le dire, il aurait déjà oublié les secrets des ancêtres. C’était sa monnaie d’échange s’il voulait grandir, pouvoir aller plus vite, plus loin, devenir un jour un Homme, et peut-être à son tour un ancêtre. Il devrait rendre tous les secrets.

Oh amulette, quelles sont tes pouvoirs ? Quel génie t’a condamné à cet état de bois et d’oubli ? Avais-tu voulu révéler les secrets ?

Crâne fendu, mains en prière, yeux écarquillés. As-tu vu le pire ou le meilleur ? Pries-tu pour toi, pour nous, pour eux ? Pour qui et contre qui t’es-tu battu ? Dans une autre vie faisais-tu partie des cœurs vaillants ? des mécréants ? Qui a pu te jeter ce sort ? Ton destin est-il lié à ceux qui croisent ton chemin ?

La maman du petit garçon ne pouvait qu’imaginer, inventer, s’évader à son contact car elle avait rendu la clé des secrets. Elle lui donne vie à son tour avec des mots et ce qui lui reste d’intuition. Dans l’espace. Dans le temps. Ici, ailleurs, toujours, jamais.

Bout de bois couleur sable est-il condamné comme le commun des mortels à devenir sable couleur bois, emportant dans la mer ou dans le vent ses secrets à tout jamais ?

 

Avec la couleur sable, c’est ma participation au blog de Marie Kléber pour contrer la grisaille de novembre (ici) et si ça vous plaît, je file proposer à Ouzin et Cheikh d’afficher mon histoire aux côtés de « bébé Ouzin » !