de bois et de sable

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Le petit garçon qui n’avait pas les yeux dans sa poche l’avait débusqué, déterré. Ce bout de bois avait passé là des semaines, des mois, qui sait, des années ? Un coin de sable envahi par les plans sauvages de menthe-basilic, usé par les vents et le soleil, avait été son refuge. Il était enivré d’air marin, c’est sûr.

Bout de bois qui soudain revenait à la vie. D’objet oublié, abandonné, le petit garçon semblait l’avoir sorti de son état maudit.

Il lui avait redonné une dignité, attribué un statut de poupée, de bébé, de compagnon de jeu. D’un morceau de bois et de sable, l’objet avait regagné son statut de statue.

Le petit garçon avait rapidement su lui donner un nom aussi. Ce n’est pas rien un nom quand on veut exister… Tout était parti d’une blague de comptoir entre le gérant et le serveur de ce coin de plage pour savoir qui avait la plus grosse tête. De Cheikh ou de Ouzin, le petit garçon avait tranché sans sourciller. Il l’avait baptisé Ouzin. Bébé Ouzin pour être plus précis.

Il l’avait adopté et voulait le ramener chez lui.

On n’emporte pas un objet si mystérieux impunément sur cette terre du berceau de l’humanité. C’est un peu comme déterrer un cadavre. Sa maman n’avait pas voulu. Secrètement elle aurait bien aimé, c’est vrai ! Mais cet objet ne leur appartenait pas. Ni à elle, ni à lui. Il appartenait à ce lieu, à cette plage. Ce bout de plage était un peu le leur aussi, surtout les dimanches après-midi. Ils viendraient lui rendre visite. Souvent. Le petit garçon n’avait pas insisté mais ne manquait jamais d’aller retrouver sa poupée stoïque, qui trônait maintenant en belle place, tel le maître de ces lieux.

Poupée antique, poupée mystique. Couleur bois, couleur sable. Viens-tu du Mali, du pays de la teranga ou de la terre des hommes intègres ? Es-tu arrivé par la mer, par la terre ? De quel siècle es-tu ? De quel bois sors-tu ? Raconte-nous ton histoire…

Dis-nous aussi qui a emprisonné tes secrets dans cette écorce couleur sable ?

Le petit garçon lui savait. Il possédait encore la clé de ces mystères, ceux que les ancêtres murmuraient à l’oreille des nouveaux-nés pour apaiser leurs cris de bienvenue. Il possédait les secrets mais n’avait pas les mots pour l’exprimer. Quand il saurait le dire, il aurait déjà oublié les secrets des ancêtres. C’était sa monnaie d’échange s’il voulait grandir, pouvoir aller plus vite, plus loin, devenir un jour un Homme, et peut-être à son tour un ancêtre. Il devrait rendre tous les secrets.

Oh amulette, quelles sont tes pouvoirs ? Quel génie t’a condamné à cet état de bois et d’oubli ? Avais-tu voulu révéler les secrets ?

Crâne fendu, mains en prière, yeux écarquillés. As-tu vu le pire ou le meilleur ? Pries-tu pour toi, pour nous, pour eux ? Pour qui et contre qui t’es-tu battu ? Dans une autre vie faisais-tu partie des cœurs vaillants ? des mécréants ? Qui a pu te jeter ce sort ? Ton destin est-il lié à ceux qui croisent ton chemin ?

La maman du petit garçon ne pouvait qu’imaginer, inventer, s’évader à son contact car elle avait rendu la clé des secrets. Elle lui donne vie à son tour avec des mots et ce qui lui reste d’intuition. Dans l’espace. Dans le temps. Ici, ailleurs, toujours, jamais.

Bout de bois couleur sable est-il condamné comme le commun des mortels à devenir sable couleur bois, emportant dans la mer ou dans le vent ses secrets à tout jamais ?

 

Avec la couleur sable, c’est ma participation au blog de Marie Kléber pour contrer la grisaille de novembre (ici) et si ça vous plaît, je file proposer à Ouzin et Cheikh d’afficher mon histoire aux côtés de « bébé Ouzin » !

Note pour plus tard……………

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  1. Ne pas laisser trainer mon sac à main à portée de michoco…
  2. Ne pas laisser dans mon sac à main des contrats pour le travail…
  3. Ne pas laisser à proximité desdits contrats le cachet de la société…

Mon contrat a été redécoré de 52 coups de tampons en douce…… Mais j’en assume l’entière responsabilité, Michoco n’a voulu qu’exprimer son talent artistique, lui !

J’en profite pour vous faire partager notre œuvre collective (lui au tampon sur contrat top secret et utlra important et moi à la photo contemporaine : )

ps : je vous rassure, pour le contrat il n’y a pas mort d’homme !

artistes en herbe

premier dessin

J’ai l’honneur de vous présenter la toute première production artistique de michoco !

Chocoleite et pépite ses deux cousines nous aillant rejoints à la montagne, la table à manger s’est transformée en table à dessin… Michoco a été bien inspiré de recopier ses cousines ! Il avait sur qui prendre modèle, de vraies artistes :

. Matisse pour chocoleite, 5 ans bientôt et demi, aplats de couleurs vives, recherche de styles graphiques avec des découpages de formes travaillées mais toujours simples et justes (je suis fan !)…

. Miro pour pépite, bientôt 3 ans, traits abstraits recoupés de quelques ronds tout à fait énigmatiques.

. Je préfère attendre de découvrir d’autres œuvres de michoco pour me positionner sur son style… Mais pour un premier dessin et en toute objectivité bien sûr, j’aime !

Il a aimé choisir lui-même sa couleur, retirer le capuchon des feutres, faire un ou deux traits et refermer le bouchon pour recommencer l’opération avec une autre couleur. La boîte y est passée ! Pas facile de comprendre dans quel sens et comment tenir le feutre, mais il a bien compris que quand il s’y prenait bien le crayon écrivait sur la feuille ! Je n’ai pas trop prolongé l’expérience pour éviter que l’idée ne lui prenne de goûter les feutres, d’écrire sur lui ou sur moi (il était sur mes genoux) ou autres bêtises sur la nappe, mais ce moment impromptu donne un résultat plutôt sympa, non ? (je sais, ça fait 50 fois que je m’extasie !!)

Du coup j’ai tout à fait hâte de recommencer l’expérience en préparant un peu notre environnement (protection de la table et de nos habits notamment…) et de varier au fur et à mesure les plaisirs : peinture, gommettes, collages… je sens qu’on va s’amuser et que notre marge de progression est infinie !