Sea, sex and… gun

IMG_20160312_173600Ils ont joué tout le week-end. Longue balade au gré de la marée, retour de pêche, château de sable et farniente sur la plage, ils ont pris leur plein de soleil, de quoi recharger les batteries pour la semaine.

Ils avaient du sel plein la peau, des grains de sable sur les orteils les cheveux secs du trop plein d’embruns et de soleil.

Ils ont ri, joué, se sont relaxés, ressourcés avec tant d’insouciance, tant d’innocence.

Ils ont pris leur douche en regardant la mer et les étoiles, libres comme les vagues et le vent.

Mangé des grillades et de la salade à la suite d’apéro sans fin.

Ils ont regardé les kyte-surfeurs, les pêcheurs et les promeneurs.

Ils se sont dit que la vie est drôlement belle, qu’ils avaient de la chance, qu’il suffisait de si peu pour être heureux.

Les enfants ont couru tout nus, les mamans n’ont pas fait attention à leur tenue, maillot de bain et paréo, la valise du week-end était légère.

C’est le cœur tout aussi léger qu’ils sont rentrés, juste ravis d’avoir profité d’un si bon week-end, rassasiés de bon air et de sable, de douceur de vivre et de rigolades.

Ils ne savaient pas encore qu’à quelques encablures du Sénégal les balles avaient fusées, le sang avait coulé, des vies avaient été bouleversées pour rien de plus ce qu’eux avaient fait : aller à la plage.

Ils y retourneront dans leur cabanon, le cœur juste un peu plus lourd et l’idée encore un peu plus présente que ce bonheur peut bien vite basculer.

La prochaine cible est annoncée, on est clairement visés. Où, quand, comment… Tristesse sur la planète.

Ici

Ici il y a des tas de sable en guise de bacs à sable,
des arrivées de pirogues qui remplace les poissonniers de supermarché,
et des sourires qui transforment le monde en or !
Bon week-end !

IMG_20160127_172447

(Les autres participations au projet 52 de Ma’ sont ici ! )

Hiver

A Dakar, l’hiver c’est 20 degrés minimum (allez… 19 en cas de très grand froid). Cette année, nous sommes plutôt autour des 26 degrés, nous battons donc le record de température pour un mois de janvier datant de 1947… Alors même si les chauffeurs et les gardiens sont morts de froid et sortent bonnets, mitaines et doudounes, pour moi c’est surtout la saison des fruits de la passion ! De quoi relativiser ma nostalgie de la neige et faire le plein de vitamines C même si on en a moins besoin que certains…

petiteyaye_passion

C’était ma participation au projet 52 de Ma’, tous les autres clichés sur l’hiver sont réunis ici.

J’ai posté cette photo hier sur instagram, si vous avez envie de nous suivre, ça se passe par-là (compte petite_yaye) !

Soir

20160111_193428_resized_1

Entre 20h et 22h, pharmacie, boutiques, épiceries, pressings, tailleurs, quincailleries battent leur plein dans notre rue et le stand de fruits sert de lampadaire public !

 

Voilà ma participation de la semaine au projet 52, retrouvez toutes les autres chez ma’.

Deuxième femme

femme-africaine-triste-720x340C’est en la voyant ce matin, perdue dans ses pensées, accroupie sur les marches de la porte d’entrée, recouverte de son voile pour se protéger de la fraîcheur du matin, que j’ai compris.

Il y a 6 ou 8 mois de cela j’ai entendu des éclats de voix dans la cour des voisins.

Des bruits, des cris, des pleurs, il y en a souvent qui se mêlent aux rires et aux discussions animées, mais un éclat de voix comme celui-ci c’était la première et la dernière fois.

J’ai entendu des menaces de quitter la maison. Par la fenêtre j’ai vu une mère qui tirait ses enfants jusqu’à ce que ses parents fassent barrage de leurs corps devant le portail.

Je n’ai pas entendu sa voix à lui, le mari, mais il était là, serein, à attendre dans le salon que sa femme revienne à la raison, ou qu’on la fasse revenir à la maison/raison.

J’ai appris peu de temps après qu’il avait décroché un emploi à Bamako. En Afrique ce n’est pas rare de devoir quitter le foyer familial pour aller occuper un emploi mieux qualifié, mieux payé, qui permettra de subvenir aux besoins de la famille.

Il a quitté depuis quelques mois la maison maintenant, il reviendra pour des congés, dans un an peut-être ou pour la prochaine fête religieuse, mais le loyer est payé, le bol est servi aux heures des repas, les factures sont honorées.

Ce matin, en croisant le regard mélancolique de ma voisine,  j’ai enfin compris ce que personne ne m’a dit, ce qui ne se raconte pas : il y a aussi derrière cet unique éclat de voix qui résonne encore dans la nuit, derrière cette absence du mari, une deuxième femme…

 

(l’image vient de )

Livre

Encore une de ces satanées coupures d’électricité…

A Dakar, elle le sait bien, aucun quartier n’est à l’abri d’une coupure. L’électricité peut aussi bien revenir dans 3 minutes que dans 12 ou 15 heures. Ne pas savoir à quoi s’attendre, c’est peut-être ça le plus dur à vivre.

Plus d’internet et la batterie de l’ordinateur qui rendra de toute façon bientôt l’âme. A tâtons, elle part dans la cuisine récupérer les bougies conservées toujours à la même place, sur une étagère de la cuisine. Question d’organisation.

Elle sourit intérieurement, ces gestes deviennent de moins en moins réguliers, de moins en moins fréquents. Soyons honnêtes : depuis quelques années la situation s’améliore considérablement. Elle touche du bois en pensant à cette autre époque qui n’est pourtant pas si lointaine.

Les voisins viennent de trouver leur torche, le faisceau lumineux pénètre jusqu’à ses fenêtres puis les conversations reprennent au rez-de-chaussée comme si de rien était. Elle ne les rejoindra pas, comment faire avec son petit qui dort dans la pièce d’à côté ?

Elle attrape son livre du moment. Toujours dans ces pensées, elles se remémorent les soirées passées à décrypter le fil des pages à la lueur de la bougie…

La  flamme dansait au rythme de la légère brise qui passait à peine à travers les mailles de la moustiquaire. Bercée par cette danse, elle finissait par sombrer bien vite dans les bras de Morphée, réveillée en sursaut quelques heures plus tard par la sonnerie d’activation des appareils électro-ménagers ou par le néon criard du couloir.

Plus besoin de bougies pour lire maintenant, quand elle ouvre la couverture de son livre, l’écran s’allume tout seul.

Elle ne pensait ne pas s’y faire. Elle s’imaginait que le bruit, le toucher, l’odeur d’un « vrai » livre lui manqueraient, que la sensation d’avancer dans le voyage au fur et à mesure que les pages passent d’une main à l’autre aussi. Mais c’est en fait un vrai plaisir,  toujours le même : celui de la lecture, de la détente, de l’évasion, celui des mots et des histoires.

Mine de rien sa liseuse occupe désormais toute la place sur sa table de nuit, dans son sac à main ou son sac à dos, et contient tous ses livres.

Pour Noël elle lui a même offert un petit relooking en choisissant une jolie housse de protection, histoire de se donner envie de l’ouvrir plus souvent que son blog, histoire de retrouver le plaisir de lire dans l’intimité de la nuit, même quand il y a du courant ;-)

20160103_165917_resized

Voilà ma participation au projet 52 de Ma’ sur le thème du livre, retrouvez les autres ici !

Projet 52

Le principe d’un projet 52 est de poster une photo chaque semaine de l’année sur un thème imposé.

L’année dernière je n’ai pas été très assidue (18 articles sur 52 semaines, hum hum…). Mais je dois bien avouer que j’en ai profité pour écrire des histoires sur « mon » village avec énormément de plaisir et que j’ai reçu tant de retours positifs de votre part que j’ai quand même envie de resigner pour 2016…

Pour ceux qui ont envie de redécouvrir quelques-unes de mes contributions 2015, voici les images et les liens :

Ici, Gros plan, Sucré, Doux, Chaleur, Passé,
Casserole, Rire, Chocolat, Classique, Demain, Animal, Fleur,
Se déplacer, Vert ou bleu, Jeu, Confiserie, Horizon, Détail

Pour cette nouvelle année, voici la liste toute neuve de Ma’:

projet52_2016D’ailleurs, si vous aussi avez envie de participer, n’hésitez pas, plus on est de fou plus on rit ! Tout se passe chez Ma’ >>> .

Pour ma part cette année j’ai décidé de centrer mon projet 52 sur Dakar, histoire de sortir un peu de mes sentiers battus ici et de vous ouvrir une autre fenêtre sur ma vie !

@ très vite donc…

Débrouille

mon-electricienCasquette vissée sur la tête à la 50-cent, chemisette de col bleu bien rangé, petit sac en bandoulière contenant 3 tournevis, une pince coupante et un cutter, il enfile ses gants en latex (ne me demandez pas pour quoi faire !), débranche la prise (pour la forme), coupe un fond de pot de margarine (vide et lavé, je préfère préciser), et le tour est joué : dépannage électrique terminé !

Le pot de margarine est assorti à la peinture jaune pâle du salon, ça jure moins que l’ancien boîtier électrique. Et en plus ça me rappelle le jour où j’avais du assister un mécano pour changer un joint de culasse à l’aide d’un calendrier cartonné !

Etre loin de tout, ça fait travailler l’imagination… Vive la débrouille !

Première fois

Le premier jour, attiré par les haut-parleurs, il m’a demandé de l’accompagner jusque devant la porte.

Le lendemain, c’est en chantant qu’il demandait aux voisins de venir avec lui,

Le troisième jour, il s’est aventuré seul sur le chemin.

Puis finalement l’autre soir, le plus naturellement du monde, il a trouvé le portail ouvert, alors il est entré.

Il a vu les chaussures éparpillées et a retiré ses bottes avec lesquelles il sautait dans les flaques d’eau quelques instants plus tôt.

En franchissant la seconde porte, il a trouvé quelques dizaines d’hommes, calmes, alignés. Il s’est rangé à leur côté.

Ses pieds enfoncés sereinement dans la moquette, les paumes de ses mains et son front venant les rejoindre de temps à autre,

Des paroles puissantes au silence, il a tout écouté.

Il a serré quelques mains et a suivi le flot naturel des hommes se dirigeant vers la sortie. Comme s’il avait fait ça toute sa vie.

A l’heure où le crépuscule a pointé son nez,

Il venait d’entrer dans sa première mosquée.

to_porte-minaret-04

(l’image vient de )

 

Tissus de lutin

20151018_115327Des jours et des jours que je dois aller au marché acheter des tissus.

Il fait chaud, c’est loin, et rien qu’à l’idée de devoir me garer, de me faire suivre par une vingtaines de sangsues marchands ambulants, je procrastine.

Au hasard d’une rue de mon quartier, je suis tombée sur la caverne d’Ali Baba, ils m’ont tous plu ! La patronne partage apparemment mes goûts et j’ai lui ai acheté presque toute sa petite boutique !

20151018_115536Celui-ci, celui-là, et puis tiens, mettez-moi celui-là aussi ! Oh celui-ci est magnifique. Le problème dans une boutique de tissus wax c’est qu’au bout d’un moment on ne sait plus où donner de la tête et on se laisse emporter dans le tourbillon des couleurs, des courbes et des matières…

Des coupons noirs et blancs, de jolis imprimés colorés, des chamarrés et des fleuris, il y en aura pour tous les goûts, assortis à de vifs morceaux de popeline coton. Décidemment, vive la wax !

Place à présent aux ciseaux, aux fils et aux aiguilles pour réaliser un joli projet qu’une amie m’a commandé pour glisser dans la hôte du Père Noël.

Et oui dans une autre vie je suis aussi lutin du Père Noël ;-)

Mais chut, c’est un secret…

La surprise après Noël donc !